6ᵉ question parlementaire sur l’extension du 3919 aux hommes : une première initiative sénatoriale

Le débat sur l’égalité d’accès aux dispositifs d’écoute pour les victimes de violences conjugales franchit une nouvelle étape. Pour la sixième fois, un parlementaire interpelle le gouvernement sur la nécessité d’ouvrir le numéro national 3919 aux hommes victimes. Mais cette fois-ci, il s’agit d’une première au Sénat.

Un rappel des précédentes initiatives

Depuis deux ans, plusieurs députés ont successivement interrogé le gouvernement sur l’exclusion des hommes du dispositif 3919. Chaque fois, les réponses de l’exécutif se sont appuyées sur l’« historique » du numéro, considéré comme dédié exclusivement aux femmes.
Les cinq premières questions parlementaires sont recensées et analysées dans un article publié le 16 juillet dernier : « 5ᵉ coup de force parlementaire : le 3919 enfin ouvert aux hommes ? ».

L’initiative de cette rentrée 2025 marque donc un tournant, puisque c’est la première fois qu’un sénateur porte officiellement la revendication.

La question du sénateur Cédric Chevalier

Le 11 septembre 2025, la question écrite n°06108 de M. Cédric Chevalier, sénateur, a été validée par la division du contrôle et des questions. Elle s’adresse à Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

Voici le texte intégral de la question :

« M. Cédric Chevalier appelle l’attention de Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur la nécessité d’assurer un accès égal aux dispositifs d’écoute téléphonique pour toutes les victimes de violences conjugales, sans distinction de sexe. Actuellement, le 3919 – numéro national depuis plus de vingt ans – reste réservé aux femmes, tandis que les hommes victimes sont renvoyés vers des services alternatifs peu connus et non spécialisés. Cette exclusion soulève des questions d’égalité de traitement et d’efficacité. Pourtant, 14 % des victimes recensées sont des hommes, proportion probablement sous-estimée en raison du manque de dispositifs adaptés. Le ministère justifie ce choix par la « spécialisation historique » du 3919, un argument jugé discriminatoire. Si les violences faites aux femmes méritent un dispositif dédié, les hommes victimes devraient eux aussi bénéficier d’une ligne équivalente, ou à défaut de l’extension du 3919. Des associations comme SOS Hommes Battus ou Stop Hommes Battus existent déjà et pourraient être mobilisées. La situation est particulièrement préoccupante dans les outre-mer, où les alternatives sont rares et les tabous plus forts, renforçant les inégalités territoriales. En conséquence, il lui demande si elle entend associer les associations spécialisées existantes en la matière afin de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette discrimination de fait, contraire au principe d’égalité devant le service public. »

Un enjeu d’égalité et de reconnaissance

Le sénateur met en lumière plusieurs points sensibles :

  • l’exclusion persistante des hommes victimes du 3919,

  • la sous-estimation statistique de leur nombre,

  • les difficultés accrues dans les outre-mer,

  • et la possibilité de s’appuyer sur des associations existantes spécialisées.

Cette question parlementaire s’ajoute aux précédentes interpellations et accroît la pression sur le gouvernement, qui n’a pour l’instant jamais infléchi sa position.

Reste à savoir si l’entrée en scène du Sénat permettra de débloquer un dossier qui, au-delà du symbole, engage une question fondamentale : l’égalité d’accès au service public pour toutes les victimes de violences conjugales, quel que soit leur sexe.


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