Le député Alexandre Allegret-Pilot (Union des droites pour la République) a déposé une 9ᵉ question écrite au gouvernement sur l’invisibilisation des hommes victimes de violences conjugales. La question est consultable sur le site de l’Assemblée nationale :
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE9678
Dans ce texte, le député dénonce :
- l’« absence flagrante d’égalité de traitement entre hommes et femmes victimes de violences conjugales » ;
- le fait que le 3919 demeure réservé aux femmes, excluant les hommes victimes « orientés vers des numéros secondaires, généralistes, peu connus et souvent inopérants » ;
- une « rupture d’égalité devant le service public » et un « gynocentrisme parfaitement inutile à la lutte contre les violences conjugales » ;
- la sous-estimation des hommes victimes (estimés à 14 %) en raison du tabou et du manque de dispositifs adaptés.
Cette interpellation s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée par plusieurs parlementaires et suivie de près par le collectif Défendre les enfants.
Les précédentes initiatives parlementaires
Ce dépôt s’ajoute à une série de questions parlementaires relayées ces derniers mois. Parmi elles :
- 5ᵉ question parlementaire – « Coup de force parlementaire : le 3919 enfin ouvert aux hommes ? » (16 juillet 2025) :
https://defendre-les-enfants.eu/actualites/20250716-5%e1%b5%89-coup-de-force-parlementaire-le-3919-enfin-ouvert-aux-hommes/ - 6ᵉ question parlementaire – « Extension du 3919 aux hommes : une première initiative sénatoriale » (8 septembre 2025) :
https://defendre-les-enfants.eu/actualites/20250908-6%e1%b5%89-question-parlementaire-sur-lextension-du-3919-aux-hommes-une-premiere-initiative-senatoriale/
Ces interpellations soulignent toutes la même problématique : le 3919, numéro national dédié aux femmes victimes de violences conjugales, demeure fermé aux hommes victimes, malgré des estimations évaluant à plus de 100 000 le nombre d’hommes concernés chaque année.
Les réponses du gouvernement et les limites actuelles
Jusqu’à présent, le gouvernement a maintenu que le 3919 doit rester un dispositif spécialisé pour les femmes, justifié par la dimension « massivement genrée » des violences conjugales. Les hommes victimes sont invités à se tourner vers des numéros alternatifs, plus généralistes, ce qui soulève des critiques sur l’accessibilité, la visibilité et l’efficacité de ces solutions.
Cette posture est dénoncée par plusieurs élus, qui y voient une injustice symbolique et une rupture d’égalité devant le service public. Elle entretient par ailleurs un tabou, rendant plus difficile la reconnaissance et la prise en charge des hommes victimes.
Le rôle du collectif « Défendre les enfants »
Le collectif Défendre les enfants s’est fortement mobilisé :
- il relaie chaque question parlementaire déposée, afin de maintenir la pression sur le gouvernement ;
- il informe l’opinion publique via ses articles et communiqués ;
- il a sollicité tous les partis politiques pour obtenir un engagement clair en faveur de l’égalité de traitement.
Un constat ressort néanmoins : malgré ces sollicitations, aucun député issu de la gauche de l’échiquier politique n’a, à ce jour, déposé de question écrite sur ce sujet. Une absence jugée étonnante, au regard de la tradition égalitaire et de défense des droits humains que ces partis revendiquent.
Un enjeu d’égalité et de reconnaissance
La 9ᵉ question déposée par Alexandre Allegret-Pilot illustre bien la tension actuelle :
- humainement, l’invisibilisation des hommes victimes favorise leur isolement et retarde l’accès à une aide adaptée ;
- symboliquement, elle traduit un déséquilibre dans la reconnaissance institutionnelle des victimes de violences conjugales ;
- juridiquement, elle pose la question de l’égalité devant le service public et les dispositifs nationaux de protection.
Conclusion
Avec neuf questions déjà déposées, la persistance du sujet dans l’agenda parlementaire montre que le débat ne peut plus être ignoré. Reste à savoir si le gouvernement acceptera de revoir sa position sur le 3919, ou s’il envisagera la création d’un dispositif équivalent pour les hommes victimes de violences conjugales.