4 amendements en moins d’un an ! Après 13 questions au Gouvernement en 2025, les députés Marais-Beuil et Petit relancent la bataille pour l’ouverture (ou la création) du 3919 aux hommes victimes

Deux amendements stratégiques portés par les députés Marais-Beuil (RN) et Petit (Modem)

Le 10 novembre 2025, la députée Claire Marais-Beuil a déposé l’amendement n°II-896 dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) 2026, visant explicitement à « permettre l’ouverture du dispositif 3919 aux hommes victimes de violences conjugales ».

Ce que dit l’amendement Marais-Beuil

  • Dans son exposé sommaire, l’amendement rappelle que le 3919 — numéro d’écoute national pour les victimes de violences conjugales — a déjà été élargi à des publics comme les personnes sourdes ou malentendantes, ou encore aux locuteurs de la langue créole réunionnaise. Mais, selon Marais-Beuil, les hommes victimes restent invisibilisés.

  • Elle cite des chiffres : d’après le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), 15 % des victimes de violences conjugales seraient des hommes, et en 2024, 31 hommes auraient été tués par leur conjoint ou ex-conjoint, selon l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple. En savoir plus : Violences sexistes et sexuelles : la MIPROF publie sa lettre 2024, et si on regardait aussi les hommes ? – Défendre les enfants

  • Elle souligne aussi l’impact sur les enfants : « les enfants représentent près de 400 000 co-victimes des violences conjugales », rappelle l’amendement.

  • Sur le plan budgétaire, elle estime un coût de 885 000 €, à hauteur de +885 000 en autorisations d’engagement et crédits de paiement sur le programme « Égalité entre les femmes et les hommes », pour financer l’expansion du dispositif (formation, personnel, horaires, accueil). Ce surcoût serait compensé par un prélèvement équivalent sur le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes ».

Autrement dit, Claire Marais-Beuil propose de réallouer des crédits budgétaires plutôt que de demander un financement additionnel, pour assurer l’égalité d’accès au 3919.

Le 30 octobre 2025, la députée Maud Petit a déposé l’amendement n°II-151 dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) 2026, visant explicitement à créer un « numéro, intitulé “Violences Hommes Infos”, (qui) aura pour mission d’écouter, d’accompagner et d’orienter les hommes concernés vers les structures et services compétents ».

Ce que dit l’amendement Petit

Dans son exposé sommaire, l’amendement rappelle :

  • que le 3919, créé en 2007 et géré par la Fédération nationale Solidarité Femmes, est devenu le numéro national de référence pour l’écoute, l’information et l’orientation des femmes victimes de violences. Accessible gratuitement, anonymement et en continu, il traite non seulement des violences conjugales mais aussi d’autres formes de violences comme les mariages forcés ou les mutilations sexuelles.
  • L’amendement souligne toutefois une réalité souvent passée sous silence : si 86 % des victimes de violences conjugales sont des femmes selon le ministère de l’Intérieur, des hommes en sont également victimes — mais restent largement invisibilisés, notamment en raison du tabou social qui entoure la masculinité. Pour eux, aucun numéro d’écoute dédié n’existe aujourd’hui.
  • Le texte propose donc la création d’un service téléphonique spécifique, « Violences Hommes Infos », sur le modèle du 3919 mais distinct, afin d’offrir écoute, soutien et orientation aux hommes victimes.

Sur le plan budgétaire, l’amendement prévoit d’abonder de 2 millions d’euros l’action « Prévention et lutte contre les violences et la prostitution » du programme 137, financés par un prélèvement équivalent sur l’action « Ingénierie, outils de la gouvernance et expérimentations » du programme 304, afin de respecter les règles de recevabilité.


Un effort parlementaire récurrent : 4 amendements en moins d’un an !

Ce dépôt s’inscrit dans une dynamique déjà bien établie. En moins d’un an, c’est le troisième et 4ème amendement défendu dans le même sens :

  1. 2024 : La députée Mme Le Nabour avait déposé un amendement II-3848 visant l’extension du 3919 aux hommes, avec formation des écoutants et élargissement des horaires. Cf. Projet de loi de finances pour 2025 (no 324) Amendement n°II-3848 – Assemblée nationale

  2. Fin 2025 (PLF 2026) : Outre l’amendement n°II-896 de Claire Marais-Beuil et n°II-151 de Maud Petit, on peut noter un autre texte allant encore plus loin : l’amendement n°II-2422 de la député Alexandre Allegret-Pilot, visant à remplacer le programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes »  par trois nouveaux programmes distincts, intitulés respectivement :
    –       Programme « Amélioration de la condition des femmes » ;
    –       Programme « Amélioration de la condition des hommes » ;
    –       Programme « Aide universelle d’urgence pour les personnes victimes de violences intrafamiliales », au sein de la même mission.

    En savoir plus : PLF 2026 : Un amendement inédit crée une ligne budgétaire pour « l’amélioration de la condition des hommes » – Défendre les enfants

  3. Les dépôts par les députés Marais-Beuil et Petit viennent donc prolonger cette mobilisation parlementaire et poussent pour une reconnaissance institutionnelle forte des hommes victimes de violences conjugales.

Selon les analyses du collectif Défendre les Enfants, cette constance témoigne d’un « coup de force parlementaire » croissant pour que les victimes masculines soient enfin prises en compte.


Un contexte politique plus large : interpellations, questions au gouvernement et mobilisation citoyenne

Les amendements Le Nabour (LREM), Marais-Beuil (RN), Petit (Modem) et Allegret-Pilot (UDR) ne surgissent pas dans le vide : il s’inscrit dans un mouvement plus large, associant députés, collectifs citoyens et relais médiatiques.

13 Questions écrites au gouvernement !

Au total, 13 questions écrites ont été posées au gouvernement pour demander l’extension du 3919 aux hommes.

Consulter les 13 questions sur notre actualité dédiée aux QAG« 3919 » aux hommes victimes de violences conjugales : des interpellations parlementaires mais aucun député ou sénateur de gauche – Défendre les enfants

Ces interpellations montrent que la demande traverse les lignes partisanes et que plusieurs élus insistent pour que le gouvernement prenne des mesures concrètes.

Mobilisation citoyenne (une pétition à plus de 10 000 signature !)

La pression ne vient pas seulement du monde politique, Il y a une pétition (via MesOpinions) pour l’extension du 3919 aux hommes, qui a recueilli plus de 10 000 signatures.

Cf. Pétition : Pétition pour l’extension du 3919 aux hommes victimes de violences !


Conclusion

Le dépôt de 3 amendements dans le PLF 2026 constitue un acte politique fort : non seulement il vise à élargir un service public clé (le 3919) aux hommes victimes de violences conjugales, mais il cristallise aussi une dynamique parlementaire et citoyenne de plus en plus structurée.
En moins d’un an, c’est la 4ème tentative législative significative dans ce sens, ce qui montre que la question de l’égalité des victimes, indépendamment du genre, gagne en légitimité.
La mobilisation via des questions au gouvernement, des pétitions, et des prises de parole de collectifs comme Défendre les Enfants renforce la pression sur les décideurs.
Reste à voir si cette convergence politique et citoyenne sera suffisante pour faire évoluer le 3919 — un dispositif symbole, mais jusqu’à présent réservé — vers une plus grande universalisme.


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