Le collectif Défendre les Enfants, aux côtés de plusieurs autres associations, vient de cosigner un courrier adressé aux députés français, alertant sur la situation alarmante des familles monoparentales et le manque de coparentalité en France. Dans ce message, ces organisations soulignent l’urgence de repenser les politiques familiales, particulièrement en matière de résidence alternée. Ce mode de garde, bien qu’il ait fait ses preuves dans plusieurs pays européens, reste sous-utilisé en France, au détriment des enfants et des parents concernés.
La précarité croissante des familles monoparentales
Les chiffres sont préoccupants. Selon une étude de l’INSEE, 82 % des familles monoparentales sont composées de mères seules, et près d’un tiers de ces foyers vit sous le seuil de pauvreté. Une des principales raisons de cette précarité est le faible taux de résidence alternée en France, qui s’élève à seulement 11,5 %, un des plus bas d’Europe. En comparaison, la Suède enregistre un taux de 48 %, la Belgique 37 % et la Norvège 30 %.
Ces disparités ont des répercussions concrètes sur la stabilité économique des parents, notamment des mères. Selon l’INED, la résidence alternée favoriserait un retour plus rapide à l’emploi pour les mères, réduisant leur dépendance aux aides sociales. En renforçant ce mode de garde, la société dans son ensemble pourrait bénéficier d’une diminution de la précarité et d’une meilleure inclusion économique des parents.
L’impact sur la santé mentale des enfants
Au-delà des enjeux économiques, la coparentalité a un impact significatif sur la santé mentale des enfants. Le manque de contact avec l’un des parents, souvent le père mais de plus en plus la mère, peut entraîner des troubles émotionnels et comportementaux. Ce phénomène est tellement courant qu’il est désormais reconnu par la Classification Internationale des Maladies (CIM-11) sous le code QE52, relatif aux troubles des relations parent-enfant.
La privation parentale, qu’elle concerne un père ou une mère, affecte lourdement le bien-être psychologique des enfants, avec des conséquences parfois graves sur leur développement.
La santé mentale des pères aussi en péril
Les pères ne sont pas épargnés par cette situation. Selon une étude de l’INSERM, les pères privés de contact avec leurs enfants sont davantage sujets à la dépression et au risque suicidaire. Ce phénomène, souvent sous-estimé, souligne l’importance d’un partage équitable des responsabilités parentales après une séparation.
Les émeutes de 2023 : une alerte sur une jeunesse fragilisée
Les émeutes de 2023 en France ont également mis en lumière les conséquences du manque de coparentalité. En effet, 60 % des jeunes impliqués provenaient de familles monoparentales. Cela illustre l’urgence de renforcer la coparentalité pour prévenir de futures crises sociales, tout en favorisant un environnement stable pour les jeunes en difficulté.
Un coût financier important pour l’État
Les familles monoparentales représentent un coût considérable pour les finances publiques. Environ 40 dispositifs d’aides leur sont actuellement accessibles, mais ces mesures ne s’attaquent pas à la racine du problème. Le manque de coparentalité entraîne une dépendance accrue aux aides sociales et un impact considérable sur les finances publiques, notamment à travers les placements d’enfants à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
Le rôle crucial des entreprises dans la promotion de l’égalité parentale
Les entreprises peuvent jouer un rôle déterminant dans la promotion de l’égalité parentale, notamment à travers des politiques de responsabilité sociétale (RSE). En encourageant la résidence alternée, elles permettent une répartition plus équitable des responsabilités parentales, favorisant ainsi un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
L’introduction des nouvelles normes européennes de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) dès 2024 impose aux entreprises de rendre compte de leur impact social, offrant ainsi une opportunité unique de promouvoir l’égalité parentale et d’encourager les pères à s’investir davantage dans leur rôle parental.
Une réforme législative indispensable
Une proposition de loi visant à faire de la résidence alternée la norme par défaut après une séparation est actuellement en attente d’examen à l’Assemblée Nationale. Ce texte, déjà adopté au Sénat, doit être renforcé pour apporter des changements significatifs en matière de coparentalité.
Les associations signataires appellent les parlementaires à inscrire cette proposition à l’ordre du jour et à en faire une priorité nationale. Faire de la résidence alternée un principe de base, sauf en cas de violences avérées, représenterait un pas décisif vers une société plus équitable pour les enfants et les parents.
Conclusion : Un appel à l’action
Le collectif Défendre les Enfants et ses partenaires appellent à une réforme urgente de la coparentalité en France. Ils demandent aux députés de réviser la proposition de loi actuelle et de faire de la résidence alternée un droit fondamental pour les enfants.
Ce changement, indispensable, non seulement allégerait la pression sur les finances publiques, mais garantirait également un avenir plus serein et équilibré pour les enfants de notre pays.
Ensemble, œuvrons pour une parentalité équitable et une société plus harmonieuse.