L’ouverture du 3919 aux hommes victimes de violences : Une avancée sociétale et des défis budgétaires

Le numéro d’écoute 3919, initialement dédié aux femmes victimes de violences conjugales, pourrait bientôt élargir son périmètre pour inclure les hommes, grâce à des amendements déposés dans le cadre du plan de financement 2025 de l’État. Cette extension, bien que saluée par certains comme un pas en avant vers une égalité dans la prise en charge des victimes, soulève des questions budgétaires et opérationnelles complexes.

Un coût actuel important pour le 3919

En 2023, le 3919, géré par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), a traité 112 593 appels, avec un taux de réponse de 86,5 %, grâce à un fonctionnement 24h/24 instauré en 2021. Malgré une augmentation récente du budget à 5,9 millions d’euros, environ 15 % des appels demeurent sans réponse. Le gouvernement vise à réduire cette proportion à 5 % en 2025, mais sans augmentation budgétaire substantielle, l’objectif semble ambitieux. Par ailleurs, un amendement propose d’ajouter 940 000 euros pour atteindre un taux de traitement de 100 %, illustrant la nécessité d’un renforcement des moyens.

Une prise en charge encore inégale pour les hommes victimes

L’amendement II-3848 propose explicitement d’étendre le 3919 aux hommes victimes de violences conjugales, en insistant sur la formation des écoutants et l’élargissement des horaires de service. Bien que les femmes représentent 86 % des victimes de violences conjugales, les hommes en constituent 14 %. Entre 2008 et 2010, 136 000 hommes ont déclaré avoir subi des violences conjugales en France. Pourtant, leur prise en charge reste largement insuffisante. Selon l’étude de l’INSEE sur les violences au sein de la famille, en 2019, 72% des victimes de violences conjugales, majoritairement physiques, visait des femmes (sous entendant de fait, 28% d’hommes)

Un rapport de l’association Égalité Parentale met en lumière les réalités taboues : en France, un homme meurt tous les 11 à 13 jours sous les coups de sa conjointe, contre une femme tous les trois jours. Les violences subies par les hommes, souvent de nature psychologique, conduisent fréquemment à des suicides, alors que les violences contre les femmes sont majoritairement physiques.

Des lignes dédiées aux animaux mais pas encore pour tous les humains

Il est frappant de constater qu’un dispositif similaire, le 3677, a été mis en place pour signaler les maltraitances animales. Lancé en juin 2024, il a reçu plus de 20 000 appels en quelques mois, mais il manque de financement pour répondre à la demande. Si des ressources importantes sont mobilisées pour les animaux, il semble paradoxal que la couverture des victimes humaines, notamment masculines, reste lacunaire.

Un pas vers la reconnaissance des violences masculines

La société commence à reconnaître l’ampleur des violences masculines grâce à des études internationales. En Angleterre, une campagne sensibilise au fait que 40 % des victimes de violences conjugales sont des hommes. Au Canada, où le sujet est moins tabou, les données révèlent une quasi-égalité entre hommes et femmes victimes.

Conclusion

L’inclusion des hommes dans le dispositif du 3919 représente une reconnaissance bienvenue de leur souffrance, mais nécessite des moyens financiers et humains conséquents. Les amendements II-3848 et II-228 posent des jalons importants en ce sens, bien qu’insuffisants pour répondre à la complexité du problème. Cette évolution, si elle est menée à bien, pourrait devenir un modèle pour une prise en charge équitable et universelle des victimes de violences.

Sources

— Mise à jour au 3 décembre 2024 —

Quid chez nos voisins ?

Cf. https://www.lessentiel.lu/fr/story/au-luxembourg-les-hommes-battus-doivent-realiser-qu-ils-peuvent-s-en-sortir-103231838


Publié

dans

par

Étiquettes :