Le 4 juillet 2025, Fabien Wald, représentant du collectif « Défendre les enfants » et candidat aux dernières élections européennes, a rencontré la députée insoumise Mathilde Hignet pour porter la voix de douze associations mobilisées en faveur des droits parentaux et des enfants. Si le ton est resté courtois, l’échange n’en a pas moins été vif, révélateur des lignes de fracture politiques et juridiques sur des sujets sensibles.
1. Proposition de loi 819 : vers une résidence alternée par défaut ?
Au cœur de la rencontre, la proposition de loi n°819, déposée par la députée République en Marche Christine Le Nabour, visait à faire de la résidence alternée un principe de départ dans les cas de séparation conflictuelle. Un texte que soutient activement le collectif :
« On n’est pas là pour enlever des droits à la maman. On veut une parentalité équilibrée. »
Pour le collectif, les chiffres sont parlants : selon les dernières données disponibles datant de 2013, « trois fois sur quatre, quand le père demande la résidence alternée, elle lui est refusée si la mère n’est pas d’accord », tandis que l’inverse donnerait lieu à un taux d’acceptation beaucoup plus élevé.
Le collectif plaide pour un changement d’approche : renverser la logique actuelle pour que le juge justifie une non-application de la résidence alternée, plutôt que l’inverse.
« Aujourd’hui, la résidence alternée, quand elle est refusée, il n’y a pas de réelle motivation du juge. Nous, on veut que ce refus soit clairement motivé. »
Mais Mathilde Hignet reste prudente. Si elle admet que le texte peut sembler protecteur dans son exposé des motifs — en excluant les cas de violences conjugales — elle souligne que le droit se fonde sur le dispositif, non sur les intentions :
« En droit, ce qui compte, c’est ce qui est inscrit dans la loi. Ce qui est écrit dans l’exposé des motifs n’est pas contraignant. »
Elle exprime également une crainte centrale :
« Avec cette PPL, le risque, c’est qu’on inverse la logique judiciaire et qu’on passe d’une évaluation individualisée à un principe automatique. »
2. Le 3919 : une ligne d’écoute à élargir aux hommes victimes ?
Autre sujet abordé, et non des moindres : l’exclusion de fait des hommes victimes de violences conjugales de la ligne téléphonique 3919. Si officiellement la ligne est ouverte à tous, dans les faits, les hommes sont redirigés vers des structures qui « refusent de les prendre en charge ».
Le collectif dénonce une discrimination manifeste :
« C’est une délégation de service public. La discrimination par le genre est pénalement répréhensible. »
Il rappelle que les hommes représentent entre 15 et 24 % des victimes de violences conjugales, selon les sources, et regrette le manque de dispositifs financés par l’État à leur intention.
« Même les animaux ont une ligne téléphonique financée par l’État. Nous, on se fait jeter. »
Face à ces accusations, la députée admet ne pas être informée précisément de cette problématique :
« Vous me l’apprenez. Mais sur le principe, oui, il faut que les hommes victimes soient aussi pris en charge. »
Un amendement avait été proposé par le collectif en 2024 pour doter de 2 millions d’euros une ligne d’écoute neutre en termes de genre. Rejeté en raison du recours au 49.3, il reste, pour le collectif, une priorité à remettre sur la table :
« Si LFI déposait un amendement sur ce point, ce serait un vrai geste. Il n’y a pas de raison que vous ne le fassiez pas si d’autres le font. »
3. Fiscalité des pensions alimentaires : une question laissée en suspens
La dernière thématique, celle de la défiscalisation des pensions alimentaires pour les parents la percevant a été brièvement abordée sans réponse précise de la députée. Le collectif mentionnant qu’il ne faut pas appliquer la double peine aux parents souhaitant s’occuper plus de leurs enfants et qui se retrouveront à payer encore plus d’impôts.
Si la députée n’a pas pu formuler de position claire sur ce point, le collectif l’a invité à consulter les témoignages sur cette pétition.
4. Un dialogue imparfait, mais nécessaire
L’entretien entre le collectif et Mathilde Hignet illustre les tensions qui traversent les débats sur la parentalité post-séparation, les violences conjugales et la justice familiale. Si la députée LFI a opposé une fin de non-recevoir à la PPL 819, elle a reconnu la légitimité d’un débat sur la prise en charge des hommes victimes de violences.
Conclusion
La rencontre aura au moins permis de poser les bases d’un échange. Si les positions restent divergentes sur la résidence alternée, la question du 3919 pourrait trouver un écho parlementaire plus favorable. Le collectif « Défendre les enfants » semble décidé à poursuivre ses démarches, fort d’un soutien croissant — 87 députés co-signataires pour la PPL 819 à ce jour — et d’un engagement militant de terrain. Le débat sur la justice familiale et la reconnaissance des hommes victimes de violences ne fait que commencer.