le 17 juillet 2025 — Ce jeudi s’est tenue une rencontre politique significative entre Fabien Wald, représentant du collectif Défendre les enfants, Maxime Villejobert, président de l’association Égalité parentale, et Matthieu Groseil du cabinet du député breton écologiste et social Tristan Lahais. Cette entrevue, accueillie dans un climat d’écoute constructive, s’inscrit dans un contexte autour de la proposition de loi n°819, actuellement en attente de programmation à l’Assemblée nationale.
Un enjeu politique d’envergure : la PPL 819 face à une position de groupe écologiste figée
L’objet principal de cette entrevue portait sur la position du groupe écologiste et social à l’Assemblée concernant la proposition de loi n°819 (résidence alternée), qui vise à mieux garantir l’égalité parentale en situation de séparation, notamment par une reconnaissance équilibrée du rôle des deux parents, sans biais sexué.
Or, le groupe des députés écologistes affiche à ce jour une position collective réticente : aucun de ses membres ne s’est engagé à cosigner la proposition. Dans ce contexte, le collectif Défendre les enfants et l’association Égalité parentale cherchent à obtenir à minima un soutien individuel du député Lahais, soit par une cosignature, soit par une prise de parole explicite lors des débats parlementaires à venir.
Les représentants associatifs ont rappelé que la neutralité institutionnelle en matière parentale et de genre est une exigence démocratique, et qu’un soutien même isolé d’un député du groupe écologiste et social sur ce texte aurait une forte portée symbolique, rompant avec certaines formes de tabou politique.
Pour l’anecdote, il convient également de rappeler la position de la députée Clémentine Autain (appartenant au même groupe parlementaire que Tristan Lahais) qui avait signé une pétition en faveur de la Résidence Alternée il y a plusieurs années (cf. https://www.leparisien.fr/archives/elles-defendent-la-garde-alternee-23-01-2014-3518305.php).
Position qu’elle a à nouveau confirmée lors d’une réunion publique en 2025 avec Laurent Teissier (ci-dessous en centre de l’image), colistier de Défendre les enfants.
Une ouverture attendue du dialogue avec Mme Chatelain
Dans le prolongement de leur plaidoyer, Fabien Wald et Maxime Villejobert ont également sollicité l’appui du cabinet du député Lahais pour organiser une rencontre avec la députée Cyrielle Chatelain, Présidente du groupe écologiste et social. Cette démarche vise à multiplier les canaux de dialogue transversal au sein de l’Assemblée, afin d’élargir le cercle des parlementaires informés sur les réalités vécues par les enfants en situation de séparation parentale conflictuelle.
Une QAG pour élargir le 3919 aux hommes victimes de violences conjugales
Parmi les autres sujets abordés, une proposition de Question au Gouvernement (QAG) a retenu l’attention du cabinet parlementaire. Celle-ci concerne l’extension du dispositif 3919 aux hommes victimes de violences conjugales.
Actuellement, ce numéro national, historiquement dédié aux femmes victimes, exclut de fait les hommes, lesquels sont redirigés vers des lignes souvent moins visibles, non spécialisées et inégalement territorialisées. Une situation qui suscite de vives critiques des associations de terrain, mais aussi d’une partie de la classe politique.
Cinq QAG (Questions Au Gouvernement) ont déjà été posées à l’Assemblée nationale sur ce sujet, sans qu’aucune ne soit portée par un député de gauche. C’est pourquoi le collectif a suggéré que le député Lahais s’illustre par une prise de position inédite au sein de sa famille politique, en interpellant le gouvernement sur les conditions d’accès équitable aux dispositifs d’écoute.
Le texte* proposé au député Lahais par le collectif dénonce une forme de discrimination systémique, reposant sur des arguments “historiques” jugés insuffisants et dépassés. Il appelle à reconnaître le droit des hommes victimes à une écoute spécialisée, équivalente à celle proposée aux femmes. L’intervention ferait écho à une demande de terrain croissante, appuyée par des structures comme SOS Hommes Battus ou Stop Hommes Battus, qui opèrent en France depuis plus d’une décennie.
Un échange porteur d’espoir, mais suspendu à des décisions concrètes
Si l’entretien fut constructif et prometteur, plusieurs incertitudes demeurent. La première est la position officielle du député Lahais concernant la PPL 819, encore attendue à ce jour. Sans cet engagement clair, difficile pour les associations d’envisager un appui parlementaire concret au moment de l’examen en commission ou en séance.
La deuxième réside dans la capacité du groupe écologiste à évoluer sur des thématiques souvent considérées comme “hors-cadre” dans certains courants progressistes : la défense des droits paternels, la reconnaissance des hommes victimes, et plus largement une lecture non-genrée des violences intrafamiliales.
Conclusion : une fenêtre politique étroite, mais décisive
La rencontre de ce jour s’inscrit dans une stratégie de dialogue que mènent avec ténacité les acteurs de terrain engagés dans la protection des enfants et la défense de l’égalité parentale. À quelques mois d’échéances législatives cruciales, l’ouverture — même timide — de certains élus écologistes à ces enjeux pourrait rebattre les cartes dans un débat trop longtemps monopolisé par des approches univoques.
La balle est désormais dans le camp du député Lahais : fera-t-il entendre une voix dissonante mais nécessaire au sein de son groupe ? Osera-t-il poser publiquement la question de l’égalité d’accès aux services d’écoute pour les hommes victimes ? Ce sont là les signaux que les associations attendent avec attention, et qui pourraient, à terme, rééquilibrer un débat souvent marqué par l’invisibilisation de certaines souffrances.