La reconnaissance des violences conjugales subies par les hommes reste un sujet sensible et trop peu étudié. C’est pourtant celui qu’a choisi d’explorer Élodie Gautherot dans son mémoire de Master 2 en Sciences sociales et criminologie (Faculté de Droit et des Sciences Politiques, Nantes Université). À travers une recherche mêlant droit et sociologie, elle pose une question centrale :
« Les violences conjugales subies par les hommes font-elles l’objet d’une approche singulière ? »
Un sujet à la croisée du droit et de la sociologie
Le travail repose sur une méthodologie solide :
- 14 entretiens avec des hommes victimes,
- 10 entretiens avec des professionnels (avocats, policiers, responsables associatifs, psychologues),
- et un questionnaire quantitatif sur les représentations du genre et des violences conjugales.
Ces données viennent compléter l’analyse juridique et historique du contentieux. Elles permettent de documenter la pluralité des violences (physiques, psychologiques, sexuelles, économiques) et les difficultés persistantes dans leur reconnaissance institutionnelle.
Des résultats révélateurs
Les conclusions du mémoire mettent en lumière une contradiction :
- dans la société, une neutralisation progressive des stéréotypes de genre émerge ;
- mais dans le traitement judiciaire et institutionnel des violences conjugales, un « hyper-genrage » persiste, enfermant les représentations dans le schéma classique femme victime / homme auteur.
Cela se traduit par :
👉 des hommes qui doutent de leur statut de victime,
👉 une offre associative et professionnelle encore inadaptée,
👉 une écoute institutionnelle inégale.
Cette invisibilisation contribue à renforcer le « chiffre noir » des violences conjugales : de nombreux hommes victimes ne portent pas plainte et peinent à être accompagnés dans leur parcours de reconnaissance et de réparation.
Le rapport est également disponible à cette adresse : https://defendre-les-enfants.eu/wp-content/uploads/2025/09/Les-violences-conjugales-subies-par-les-hommes-1.pdf
(Un grand Merci à Elodie pour sa transmission et son travail)
Une actualité brûlante : vers une évolution législative ?
Les résultats de cette recherche trouvent un écho direct dans l’actualité. Le 16 septembre 2025, un député a de nouveau interpellé le gouvernement pour demander l’extension du 3919, numéro national d’aide aux victimes de violences conjugales, aux hommes.
Aujourd’hui, ce numéro est officiellement réservé aux femmes victimes. Or, comme le souligne le mémoire, ignorer la réalité vécue par les hommes entretient une asymétrie et renforce les stéréotypes. L’élargissement du 3919 constituerait une étape symbolique et concrète vers une meilleure prise en compte de toutes les victimes, sans distinction de genre.
📌 Pour plus d’informations :
- L’interpellation parlementaire : Défendre les enfants – Actualité du 16 septembre 2025
- Relais sur Instagram : post du 16 septembre 2025
Une invitation à briser le silence
Comme le rappelle l’autrice, ce mémoire n’a pas vocation à minimiser les violences faites aux femmes, mais à rendre visibles des victimes souvent ignorées.
Il constitue une invitation à regarder autrement, à interroger nos certitudes et à repenser les dispositifs d’accompagnement pour toutes les personnes touchées par les violences conjugales.
La publication de ce mémoire, en résonance avec les débats actuels sur l’élargissement du 3919, souligne l’urgence d’une approche inclusive et non genrée des violences conjugales.
👉 Lire le post de présentation sur LinkedIn : Élodie Gautherot