Plusieurs députés et sénateurs issus de partis du centre et de la droite ont récemment déposé des questions écrites démontrant leur volonté d’étendre le numéro national 3919 aux hommes victimes de violences conjugales. Cependant, à ce jour, aucun parlementaire de gauche (PS, LFI, GDR, etc.) ne semble s’être saisi du sujet. Ce silence suscite interrogations et critiques.
Les questions écrites déposées
Voici les textes des différentes questions parlementaires :
À l’Assemblée nationale :
- QANR5L17QE9678
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE9678
- QANR5L17QE8484
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE8484
- QANR5L17QE5236
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE5236
- QANR5L17QE5235
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE5235
- QANR5L17QE5234
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE5234
- QANR5L17QE5233
https://questions.assemblee-nationale.fr/dyn/17/questions/QANR5L17QE5233
Au Sénat :
- QSEQ250906131
https://www.senat.fr/questions/base/2025/qSEQ250906131.html
- QSEQ250906108
https://www.senat.fr/questions/base/2025/qSEQ250906108.html
Ces textes montrent des points convergents :
- le constat que le 3919 est actuellement réservé aux femmes victimes et n’est pas ouvert aux hommes ;
- la dénonciation d’une inégalité de traitement ou d’une « rupture d’égalité devant le service public » ;
- l’exigence d’un dispositif équivalent ou d’une ouverture inclusive du 3919 aux hommes ;
- la demande de mesures concrètes pour favoriser la reconnaissance et l’accompagnement des hommes victimes.
Par exemple, dans la question n° 9678, le député souligne que « le 3919 demeure strictement réservé aux femmes, tandis que les hommes victimes en sont exclus et orientés vers des numéros secondaires, généralistes, peu connus et souvent inopérants ». Il demande également « si le Gouvernement entend enfin mettre fin à cette inégalité flagrante en ouvrant publiquement le 3919 à tous les publics » ou créer un dispositif équivalent pour les hommes.
Ce que révèlent ces initiatives
- Une prise de conscience croissante
Le dépôt régulier de questions montre que certains députés et sénateurs veulent pousser le débat public sur l’inégalité actuelle du dispositif d’écoute. L’idée n’est plus marginale mais fait l’objet d’interpellations formelles. - Une inégalité explicite dénoncée
Ces parlementaires ne revendiquent pas la suppression du 3919 pour les femmes, mais bien l’extension ou la création d’un dispositif équivalent, afin que les hommes victimes ne soient pas laissés au bord du chemin. - La faiblesse de la réponse institutionnelle
À ce jour, nul retour ou modification concrète n’est visible : les réponses ministérielles continuent souvent d’arguer que le 3919 a été conçu historiquement pour les femmes, au motif de la dimension genrée des violences — ce qui est justement critiqué par les interpellateurs comme un « argument inexistant » ou discriminatoire.
Quelques articles des députés ayant questionné le gouvernement :
VIOLENCES CONJUGALES : Dispositif 3919 – Christelle PETEX
Le silence des députés de gauche : un paradoxe ou une stratégie ?
Au regard des idéaux affichés par la gauche — égalité, lutte contre les discriminations, droits humains — l’absence de députés de gauche dans ce débat est frappante. Plusieurs hypothèses peuvent l’expliquer :
- Priorité aux violences faites aux femmes : certains élus de gauche peuvent estimer qu’ouvrir le débat sur les hommes risquerait diluer l’attention et les ressources dédiées aux femmes, population majoritairement touchée.
- Crainte du “retour de bâton” idéologique : le sujet est politiquement sensible, touchant à des débats féminismes, masculinités, représentations — un terrain parfois conflictuel.
- Méconnaissance ou sous-estimation : les violences envers les hommes restent souvent invisibles dans les discours publics, les statistiques et le milieu associatif, ce qui pourrait générer une forme d’ignorance ou de réticence à s’engager officiellement.
- Calcul politique et prioritaire : les députés de gauche pourraient considérer d’autres sujets comme plus urgents ou stratégiques à aborder, laissant ce débat à des sensibilités qu’ils jugent plus “autres”.
Quoi qu’il en soit, le constat est qu’aucune des questions listées ci-dessus n’a été portée par un élu estampillé PS, LFI ou GDR — un silence que certains observateurs jugent d’autant plus paradoxal que les partis de gauche se revendiquent souvent défenseurs de l’universalisme et de l’égalité de droit.
Cf. Ils demandent l’extension du 3919 aux hommes victimes de violences conjugales
Enjeux et défis pour un débat inclusif
- Égalité de traitement dans le service public : si l’État propose un numéro national pour les victimes de violences conjugales, la sélection selon le sexe pose une question constitutionnelle d’égalité.
- Reconnaissance et visibilité : sans dispositif spécifique, les hommes victimes restent souvent invisibles, ce qui contribue à empêcher la parole et l’accès aux solutions.
- Ressources adaptées : même si le 3919 était ouvert aux hommes, il faut veiller à ce que les ressources (écoute, orientation, hébergements, soutien juridique/psychologique) soient réellement effectives pour tous.
- Communication et sensibilisation : l’un des freins majeurs identifiés est le tabou. Il faut des campagnes inclusives pour faire connaître les droits et voies d’accès aux hommes victimes.
Cf. Pétition : Pétition pour l’extension du 3919 aux hommes victimes de violences !
Conclusion : l’ombre d’un oubli politique ?
Le fait que plusieurs partis (centre, droite, centre-droit) aient déposé des questions écrites montre qu’il existe une volonté parlementaire de confronter cette injustice. Mais le silence des députés de gauche interroge sur les priorités, les représentations et les limites du discours égalitaire.
Ce silence ne signifie pas nécessairement opposition, mais il entretient un décalage entre l’idéalisme des principes et l’agenda concret. Pour que le débat avance réellement, il faudra non seulement des interpellations parlementaires — mais aussi une mobilisation citoyenne, associative et médiatique — afin d’obliger le gouvernement à ne plus ignorer cette dimension.
–Mise à jour au 6 octobre 2025–
Le Rassemblement National rejoint les autres partis politiques avec 2 nouvelles questions posées sur la prise en compte des violences conjugales faîtes aux hommes.