📰 DĂ©cryptage de l’amendement du dĂ©putĂ© Philippe Brun (et de la PPL LFI de Sophia Chikirou) sur la dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire

Contexte général

Depuis plusieurs annĂ©es, la fiscalitĂ© des pensions alimentaires versĂ©es pour l’entretien des enfants suscite un dĂ©bat rĂ©current entre Ă©quitĂ© fiscale, simplification administrative et reconnaissance du rĂŽle des deux parents aprĂšs la sĂ©paration.
Dans ce contexte, le député Philippe Brun (PS, Eure) a déposé en 2024 puis en 2025 deux amendements similaires visant à défiscaliser partiellement les pensions alimentaires perçues par le parent bénéficiaire, tout en introduisant des ajustements pour le parent verseur.

Ces amendements ont été discutés en Commission des finances, et le second a été adopté en octobre 2025, suscitant un écho notable dans la presse.
Le Figaro titrait par exemple :

« Budget 2026 : la commission des finances adopte un amendement pour défiscaliser la pension alimentaire »
(source)


Que proposent les amendements Brun ?

Les deux textes visent Ă  modifier l’article 80 septies du Code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts (CGI) afin de :

  • exonĂ©rer d’impĂŽt sur le revenu les pensions alimentaires reçues pour un enfant mineur,

  • dans la limite de 4 000 € par enfant,

  • avec un plafond global de 12 000 € par an par foyer bĂ©nĂ©ficiaire.

En parallĂšle, ils prĂ©cisent que le parent verseur ne peut dĂ©duire de son revenu imposable que la fraction excĂ©dant ce plafond, sauf si l’enfant est dĂ©jĂ  pris en compte dans son quotient familial.

Enfin, les deux textes prĂ©voient une compensation budgĂ©taire par la crĂ©ation d’une taxe additionnelle Ă  l’accise sur les tabacs.


Les différences entre la version 2024 et la version 2025

ÉlĂ©ment Amendement 2024 (I-2605) Amendement 2025 (CF1079)
DĂ©fiscalisation du parent bĂ©nĂ©ficiaire Oui, jusqu’à 4 000 € par enfant (plafond 12 000 €). Identique.
Déductibilité pour le parent verseur Déduction possible uniquement au-delà du plafond. Identique.
Option pour le quotient familial Non mentionnĂ©e. 🆕 Ajout d’une option : le parent verseur pourra choisir d’intĂ©grer les enfants dans son quotient familial afin de limiter son dĂ©savantage fiscal.
Garde-fous fiscaux Rappel du plafond global. Identiques + précision sur le choix du quotient familial.
Compensation budgétaire Taxe additionnelle sur les tabacs. Identique.

👉 En rĂ©sumĂ© : la seule diffĂ©rence notable est l’ajout en 2025 d’une mesure compensatrice pour le parent verseur, lui permettant de choisir d’intĂ©grer les enfants dans son quotient familial.
C’est cette nouveautĂ© qui a conduit Philippe Brun Ă  dĂ©clarer en commission :

« Le texte prĂ©voit un certain nombre de garde-fous. Il y aurait d’un cĂŽtĂ© une dĂ©fiscalisation [
] et de l’autre, pour le parent verseur, une fiscalisation, mais ce dernier gagnerait une demi-part fiscale par enfant. »


Ce que dit (et ne dit pas) l’amendement sur la « demi-part »

La formulation de M. Brun semble ĂȘtre une simplification :

  • Le texte n’indique pas explicitement « une demi-part par enfant ».

  • Il prĂ©voit seulement la possibilitĂ© d’intĂ©grer l’enfant au quotient familial.

  • Dans les faits, cela peut se traduire par l’octroi d’une demi-part fiscale par enfant dans la majoritĂ© des cas, mais selon les rĂšgles gĂ©nĂ©rales du quotient familial (plafonnement de l’avantage, cas particuliers des parents isolĂ©s, etc.).

Cette prĂ©cision reste donc techniquement exacte dans l’esprit, mais pas dans la lettre de l’amendement.

 


Position du collectif Défendre les enfants

Le collectif demande la rĂ©alisation d’une vĂ©ritable Ă©tude d’impact avant toute adoption dĂ©finitive de la mesure.
Il est essentiel de vĂ©rifier, Ă  l’aide de simulations fiscales concrĂštes, que le parent verseur ne se voit pas infliger une « double peine » :

  • d’un cĂŽtĂ©, une fiscalisation accrue de ses revenus du fait de la non-dĂ©ductibilitĂ© d’une partie des pensions,

  • de l’autre, un avantage fiscal incertain liĂ© au quotient familial, dont l’effet rĂ©el dĂ©pendra de nombreux paramĂštres (revenus, garde, situation du foyer, plafonnement des parts, etc.).

Sans cette Ă©valuation rigoureuse, le risque est rĂ©el que la rĂ©forme, pensĂ©e pour ĂȘtre Ă©quilibrĂ©e, dĂ©savantage paradoxalement les parents qui contribuent dĂ©jĂ  le plus au financement des enfants.

Par ailleurs, le collectif s’étonne que M. Philippe Brun ne se soit pas positionnĂ© sur la proposition de loi n° 819 relative Ă  la RĂ©sidence alternĂ©e, pourtant au cƓur des enjeux d’égalitĂ© parentale.

🔗 Proposition de loi n° 819 sur la RĂ©sidence alternĂ©e :
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b0819_proposition-loi

De plus il parait nécessaire de chiffrer le surcoût des prestations sociales (CAF et aides associés : bourses notamment) suite à ce commentaire du député Philippe BRUN mentionnant le retrait du montant de la pension alimentaire du revenu fiscal de référence pour les prestations sociales :


Rappel des mobilisations citoyennes

En 2024, deux pétitions ont témoigné de la polarisation du débat autour de la fiscalité des pensions alimentaires :

Ces deux mouvements traduisent bien les enjeux sociétaux et symboliques de cette réforme :
Ă©quilibre financier entre parents sĂ©parĂ©s, reconnaissance du rĂŽle de chacun dans l’éducation des enfants, et besoin d’une rĂ©forme plus globale de la fiscalitĂ© familiale.


Conclusion

L’amendement de Philippe Brun sur la dĂ©fiscalisation partielle des pensions alimentaires constitue une Ă©volution pragmatique, mais il nĂ©cessite des simulations approfondies pour en mesurer les effets rĂ©els.
Le passage de la version 2024 Ă  2025 marque une amĂ©lioration, mais le dispositif reste fragile sans Ă©tude d’impact transparente.
Le collectif DĂ©fendre les enfants rappelle enfin que la vĂ©ritable Ă©quitĂ© entre parents sĂ©parĂ©s ne peut ĂȘtre atteinte sans repenser globalement la fiscalitĂ©, la garde et les droits des enfants.

On notera Ă©galement cette rĂ©ponse du gouvernement d’il y a quelques mois (16 septembre 2025).

Cf. Question n°9065 : RĂ©gime fiscal des pensions alimentaires – AssemblĂ©e nationale

— En bonus, retrouvez ci-dessous les Ă©changes lors du dĂ©bat de 2024 ainsi qu’un tableau de simulation de nouvelles impositions —

Le fichier EXCEL : simu fisc V2

Cf. Compte rendu de la premiĂšre sĂ©ance du mercredi 23 octobre 2024 – AssemblĂ©e nationale

M. Philippe Brun

Cet amendement, qui nous paraĂźt essentiel, propose de dĂ©fiscaliser la pension alimentaire au bĂ©nĂ©fice du parent qui la reçoit. Nous dĂ©fendons cette mesure depuis plusieurs annĂ©es. DĂ©jĂ  en 2022, Ă  l’initiative d’Aude Luquet, nous avions discutĂ© et adoptĂ©, Ă  la quasi-unanimitĂ©, une proposition de loi visant Ă  dĂ©fiscaliser les pensions alimentaires –⁠ elle dort depuis dans les caves du SĂ©nat. Nous proposons de reprendre ses dispositions dans ce projet de loi de finances.
La pension alimentaire, contribution Ă  l’entretien de l’enfant, n’est pas un revenu. Elle est censĂ©e couvrir des dĂ©penses et rĂ©sulte d’une dĂ©cision de justice fixant un montant qui ne saurait faire l’objet de dĂ©ductions et de rĂ©ductions par l’application d’un barĂšme des impĂŽts.
La dĂ©fiscalisation des pensions alimentaires contribuerait Ă  la baisse de la prĂ©caritĂ© parmi les familles monoparentales ; 40 % des enfants, au sein de ces familles, vivent au-dessous du seuil de pauvretĂ©. Cela permettrait Ă©galement de faire Ɠuvre de justice, car il est inacceptable de payer des impĂŽts sur des frais rĂ©sultant d’une dĂ©cision de justice et qui doivent contribuer Ă  l’entretien et Ă  l’éducation de l’enfant. Nous espĂ©rons que l’amendement sera largement adoptĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

Mme la présidente

La parole est à Mme Cyrielle Chatelain, pour soutenir l’amendement no 2045.

Mme Cyrielle Chatelain

Aujourd’hui, en France, un foyer sur quatre ne compte qu’un seul parent : dans 82 % des cas, ce sont des mĂšres seules, avec leurs enfants, le plus souvent Ă  la suite d’un divorce ou d’une sĂ©paration. Aujourd’hui, ces mĂšres assument les principales charges liĂ©es aux enfants : la charge affective, la charge mentale, la charge pratique et la charge financiĂšre. Le montant moyen de la pension alimentaire que reçoivent ces mĂšres est de 190 euros par mois et par enfant, alors que leurs dĂ©penses mensuelles s’élĂšvent en moyenne Ă  750 euros par enfant. Leur investissement important n’est pas seulement affectif, il est aussi financier.
Aujourd’hui, les mĂšres paient des impĂŽts sur ces 190 euros qui leur sont versĂ©s, alors que c’est une somme normalement due par un pĂšre pour s’occuper de son enfant et contribuer aux charges de son Ă©ducation. La dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire contribuerait Ă  soutenir ces mĂšres seules avec leurs enfants qui, dans 32 % des cas, vivent sous le seuil de pauvretĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

Mme Danielle Simonnet

C’est un amendement essentiel !

Mme la présidente

La parole est à M. Philippe Brun, pour soutenir l’amendement no 2605.

M. Philippe Brun

Cet amendement de repli tend Ă  fixer un plafond Ă  la dĂ©fiscalisation. Il s’agit de ne pas crĂ©er une niche fiscale pour des foyers percevant des pensions alimentaires trĂšs Ă©levĂ©es.

Mme la présidente

Quel est l’avis de la commission ?

M. Charles de Courson, rapporteur général

Actuellement, le parent qui verse la pension alimentaire peut la dĂ©duire de ses revenus, dans la limite de 6 500 euros par an –⁠ un peu plus de 500 euros par mois. Pour le parent qui la perçoit, la pension alimentaire constitue un revenu rĂ©gulier : elle est donc imposable. Le montant moyen de la pension alimentaire se situe entre 180 et 200 euros par enfant –⁠ il est en gĂ©nĂ©ral fixĂ© en fonction des revenus du pĂšre, plus rarement de ceux de la mĂšre.
Cette situation est-elle inĂ©quitable ? L’amendement no 770 prĂ©voit que le parent qui verse la pension ne pourra dĂ©duire que la moitiĂ© de son montant, ce qui est un peu bizarre. Il vise Ă©galement Ă  exclure le montant de la pension du calcul de l’impĂŽt sur le revenu de la personne qui la perçoit.
L’adoption de cet amendement crĂ©erait une rupture d’égalitĂ© avec les personnes qui ont eu des enfants seules ou avec les personnes qui Ă©lĂšvent leurs enfants alors qu’elles sont veuves –⁠ elles ne reçoivent pas une telle pension. Le traitement que vous proposez n’est donc pas cohĂ©rent. La commission s’est dĂ©clarĂ©e dĂ©favorable Ă  votre amendement et, Ă  titre personnel, je le suis Ă©galement.

Mme la présidente

Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je partage l’avis du rapporteur gĂ©nĂ©ral : cet amendement introduit un risque de rupture d’égalitĂ©.

Mme Danielle Simonnet

Au contraire, nous recherchons l’égalitĂ© rĂ©elle !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

La pension constitue un revenu Ă  dĂ©clarer, mais celui qui la reçoit bĂ©nĂ©ficie du quotient familial et se voit attribuer des demi-parts en fonction du nombre d’enfants –⁠ je rappelle qu’une demi-part est attribuĂ©e aux parents isolĂ©s dĂšs le premier enfant. De son cĂŽtĂ©, la personne qui la verse peut en dĂ©duire le montant de ses revenus. C’est ainsi que le systĂšme fonctionne.
Si la pension devait ĂȘtre dĂ©fiscalisĂ©e, il faudrait organiser entre les parents le partage des demi-parts, ce qui me paraĂźt compliquĂ©. J’admets que les situations ne sont pas identiques entre les deux parents, mais le quotient familial est lĂ  pour attĂ©nuer ces disparitĂ©s.

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme Cyrielle Chatelain.

Mme Cyrielle Chatelain

Je pense, pour ma part, que ce systĂšme est profondĂ©ment inĂ©galitaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.) Il repose sur l’idĂ©e que c’est aux femmes, toujours aux femmes, de s’occuper de leurs enfants et de s’en occuper seules.

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Cela n’a aucun rapport !

Mme Cyrielle Chatelain

Il repose sur l’idĂ©e qu’un pĂšre qui verse un peu d’argent Ă  la femme qui s’occupe de ses enfants peut dĂ©fiscaliser cette somme. C’est absolument injuste !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je ne vois toujours pas le rapport.

Mme Cyrielle Chatelain

Comme on l’a dit, la charge d’un enfant est estimĂ©e Ă  750 euros par mois et le montant moyen de la pension alimentaire atteint 190 euros. En d’autres termes, une mĂšre sĂ©parĂ©e prĂ©lĂšve chaque mois 560 euros de son budget pour s’occuper de son enfant. Elle tire cette somme de son revenu, sans possibilitĂ© de dĂ©fiscalisation.
Qu’une mùre assume seule cette charge me semble trùs injuste et nous devons corriger cette situation.

M. Thibault Bazin

Elle se trompe de sujet ! Ça n’a rien à voir avec l’amendement !

Mme Cyrielle Chatelain

Vous nous parlez de défiscalisation, mais que dire de toutes ces femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté ?

M. Laurent Saint-Martin, ministre

La pension n’est pas liĂ©e au sexe !

Mme Cyrielle Chatelain

Bien sĂ»r que si, et mon propos est cohĂ©rent avec l’amendement que je dĂ©fends. Il pose la question de l’égalitĂ© de traitement, de la reconnaissance du travail de ces femmes, de leur charge. Demandez-leur qui prend rendez-vous chez le mĂ©decin, qui achĂšte les habits, qui remplit les cartables de crayons, de feutres et de feuilles ! Aujourd’hui, ce sont ces mĂšres cĂ©libataires, seules avec leurs enfants ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Si vous voulez faire un geste en faveur de l’égalitĂ©, acceptez cet amendement. Beaucoup de ces femmes ne paient mĂȘme pas l’impĂŽt sur le revenu !

M. Thibault Bazin

Elle raconte n’importe quoi !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Ça n’a rien à voir !

Mme Cyrielle Chatelain

Au contraire, ça a tout Ă  voir ! Si vous voulez contribuer Ă  l’égalitĂ© entre les hommes et les femmes, votez cet amendement ! Il faut accepter de corriger ce qui doit l’ĂȘtre, mĂȘme lorsque cela perturbe vos habitudes. (MĂȘmes mouvements.)

M. Laurent Saint-Martin, ministre

C’est navrant de dĂ©magogie.

Mme la présidente

La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.

M. Jean-René Cazeneuve

Je comprends la motivation de cet amendement, mais l’impĂŽt sur le revenu est trĂšs bien conçu, puisqu’il est par dĂ©finition progressif. Vous avez raison, beaucoup de femmes vivent sous le seuil de pauvretĂ©, raison pour laquelle elles ne paient pas d’impĂŽt sur le revenu. Cette contribution ne les concerne pas.
En revanche, pourquoi ne pas assujettir à l’impît la pension alimentaire perçue par une femme dont les revenus sont importants ? C’est bien votre demande qui est injuste !
Ce que vous ne voulez pas voir, c’est que la grande progressivitĂ© de l’impĂŽt sur le revenu permet d’éviter que ne surviennent des cas tels que ceux que vous Ă©voquez.

Mme Cyrielle Chatelain

Encore un homme pour nous expliquer comment ça marche ! (Exclamations sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, HOR et UDR.)

M. Thibault Bazin

Buvez un peu de tisane madame !

Mme la présidente

La parole est Ă  M. le ministre.

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Madame Chatelain, je ne nie pas du tout la véracité de vos propos et il est nécessaire de mener le combat contre les inégalités que vous pointez. Je me permets seulement de répondre à votre amendement, qui vise à introduire une mesure fiscale sans lien avec le sexe, le genre, le statut de pÚre ou celui de mÚre.

Mme Danielle Simonnet

Si, ce sont les femmes qui subissent ces inégalités !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Peut-on Ă©viter de mĂ©langer des faits de sociĂ©tĂ©, des faits statistiques, Ă  des problĂšmes de fiscalitĂ© ? En l’occurrence, ce problĂšme se pose autant lorsque la pension est versĂ©e par un homme que lorsqu’elle l’est par une femme !

Mme Danielle Simonnet

Mais justement, ce sont en grande majorité les hommes qui versent des pensions alimentaires !

M. Peio Dufau

Ces problÚmes sont liés !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Non, ils ne le sont pas ! Modifier le rĂ©gime fiscal pour que les pensions soient dĂ©fiscalisĂ©es –⁠ en contrepartie de la non-prise en compte de la demi-part fiscale –, pourquoi pas, nous pouvons en dĂ©battre. Cette modification s’appliquerait aussi bien aux hommes qu’aux femmes qui versent une pension alimentaire –⁠ quel que soit le genre, le mĂ©canisme reste le mĂȘme.
Votre propos laisse accroire que le rĂ©gime fiscal aggrave les inĂ©galitĂ©s entre hommes et femmes quand il s’agit de prendre les enfants Ă  sa charge.

Mme Danielle Simonnet

Oui !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je ne suis pas d’accord avec votre analyse. La familialisation de l’imposition, avec l’attribution d’une demi-part, impose de dĂ©clarer la pension. On peut ĂȘtre contre ce principe, mais il est faux de dire qu’il est liĂ© aux inĂ©galitĂ©s entre femmes et hommes.

Mme Cyrielle Chatelain

En somme, vous dites aux pùres qu’ils ne devraient pas donner l’argent qu’ils doivent !

Mme la présidente

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Charles de Courson, rapporteur général

Sachez que les pensions alimentaires peuvent ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©es.

Mme Elsa Faucillon

Eh oui, les enfants coûtent cher !

M. Charles de Courson, rapporteur général

Trouveriez-vous normal qu’une pension alimentaire mensuelle de 3 000 euros ne soit pas fiscalisĂ©e ? Votre amendement ne prĂ©voit aucun plafond, alors qu’il arrive que des divorces dĂ©bouchent sur le versement de pensions supĂ©rieures Ă  3 000 euros par mois ! (Mme Cyrielle Chatelain s’exclame.)
Madame Chatelain, pouvez-vous m’écouter deux minutes ?

Mme Cyrielle Chatelain

C’est difficile !

M. Charles de Courson, rapporteur général

Tel qu’il est rĂ©digĂ©, votre amendement ne prĂ©voit pas de plafond.

M. Philippe Brun

L’amendement no 2605 prĂ©voit une limite de 12 000 euros par an.

M. Charles de Courson, rapporteur général

En réalité, votre amendement est conçu pour les foyers trÚs aisés car les gens modestes ne sont pas imposables. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

Mme Cyrielle Chatelain

Mon amendement est plafonné, monsieur le rapporteur !

M. Charles de Courson, rapporteur général

DeuxiĂšme remarque : le parent qui verse la pension peut la dĂ©duire du montant de ses revenus, dans la limite de 6 500 euros par an. MĂȘme ceux qui doivent verser 3 000 euros par mois –⁠ et ils existent – ne pourront dĂ©duire de leurs revenus que 500 euros par mois. Je suis donc contre ces amendements.

Mme Sabrina Sebaihi

Vous n’aimez pas les enfants ! (Sourires.)

Mme la présidente

Je mets aux voix l’amendement no 770.

(Le vote Ă  main levĂ©e n’ayant pas Ă©tĂ© concluant, il est procĂ©dĂ© Ă  un scrutin public.)

Mme la présidente

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 129
Nombre de suffrages exprimés 96
Majorité absolue 49
Pour l’adoption 50
Contre 46

(L’amendement no 770 est adoptĂ© ; en consĂ©quence, les amendements nos 2045 et 2605 tombent.)
(Les députés des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR se lÚvent et applaudissent.)

— En bonus, retrouvez ci-dessous les Ă©changes lors du dĂ©bat de 2025 —

Cf. Compte rendu de la premiĂšre sĂ©ance du samedi 25 octobre 2025 – AssemblĂ©e nationale

Mme la présidente

Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 569, 2088, 1622, 258, 2025 et 3478, pouvant ĂȘtre soumis Ă  une discussion commune.
L’amendement no 569 de Mme Christelle D’Intorni est dĂ©fendu.
La parole est à Mme Sarah Legrain, pour soutenir l’amendement no 2088.

Mme Sarah Legrain

Cette sĂ©rie d’amendements porte sur le coĂ»t de la sĂ©paration et je veux vous parler des mĂšres isolĂ©es, ces femmes qui ont la garde exclusive ou principale de leur enfant et qui, de ce fait, sont particuliĂšrement exposĂ©es Ă  la prĂ©caritĂ©. Les chiffres sont alarmants : 41 % des enfants de familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvretĂ©, contre 21 % pour l’ensemble des enfants. Les mĂšres isolĂ©es exposĂ©es Ă  la prĂ©caritĂ© ne demandent ni la charitĂ© ni la pitiĂ©. Elles s’organisent partout dans le pays pour demander une chose simple : la justice et l’égalitĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
La pension alimentaire est l’un des dispositifs dans lesquels se niche une forte injustice pour les femmes. Il ne s’agit ni d’une pension ni d’une rente, mais d’une contribution Ă  l’éducation et Ă  l’entretien des enfants. Avec cet argent, les mĂšres subviennent aux besoins de leurs enfants, et je passe sur le fait qu’il est souvent insuffisant pour faire face au coĂ»t rĂ©el d’un enfant. Elles ne le touchent pas pour elles ou pour faire du shopping.

M. Pierre Cordier

Vous ne savez pas ce qu’elles font avec ! Est-ce qu’on contrĂŽle les dĂ©penses ?

Mme Sarah Legrain

Or cet argent-lĂ  est dĂ©fiscalisĂ© pour le dĂ©biteur –⁠ dans l’immense majoritĂ© des cas, l’homme, le pĂšre – et fiscalisĂ© pour la mĂšre. Celle-ci paie des impĂŽts sur cette prestation comme si c’était un revenu qu’elle avait perçu –⁠ comme si c’était un chĂšque-cadeau offert par son ancien conjoint. Ce dernier, qui lui a laissĂ© la garde et l’entretien de l’enfant –⁠ qui reprĂ©sentent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent –, est simplement en train d’assumer un tout petit peu sa responsabilitĂ© de pĂšre, en subvenant un petit peu aux besoins de son enfant.
Cette rĂ©alitĂ©, profondĂ©ment injuste, pĂšse lourdement sur ces mĂšres. Il y aurait bien des choses Ă  dire sur toutes celles qui ne paient pas d’impĂŽt, qui ne perçoivent pas de pension alimentaire et qui touchent une allocation de soutien familial (ASF) au montant trĂšs faible. Il faut absolument dĂ©fiscaliser les pensions alimentaires. Ce serait un premier pas
 (Le temps de parole Ă©tant Ă©coulĂ©, Mme la prĂ©sidente coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les dĂ©putĂ©s du groupe LFI-NFP applaudissent cette derniĂšre.)

Mme la présidente

Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire, sur l’amendement no 2088 ; par le groupe Socialistes et apparentĂ©s, sur l’amendement no 258 ; par le groupe Écologiste et social, sur les amendements no 2025 et 3478.
Les scrutins sont annoncĂ©s dans l’enceinte de l’AssemblĂ©e nationale.
La parole est à Mme Marie-Pierre Rixain, pour soutenir l’amendement no 1622.

Mme Marie-Pierre Rixain

Je salue les deux millions de familles monoparentales qui sont, pour 82 % d’entre elles, reprĂ©sentĂ©es par des mamans solos. Conjuguant parfois l’éducation de leurs enfants avec une vie professionnelle, elles tiennent Ă  bout de bras leur vie et celle de leurs enfants. Il est de notre responsabilitĂ© de les accompagner et de les soutenir au lieu de leur envoyer un message de stigmatisation. De nombreux travaux ont Ă©tĂ© engagĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e nationale par des dĂ©putĂ©s de diffĂ©rents groupes parlementaires. Le moment est venu, en rĂ©visant le rĂ©gime fiscal des pensions alimentaires, de leur montrer que nous les soutenons !
Cela a Ă©tĂ© soulignĂ©, la pension alimentaire n’est pas un revenu mais une contribution. Elle ne reprĂ©sente que 18 % des revenus des mamans solos. Nombre d’entre elles doivent compenser ce manque et s’appauvrissent parce qu’elles subviennent seules aux besoins de leurs enfants. Au lieu de les stigmatiser et de leur envoyer le message que nous ne les comprenons pas, il est temps de leur dire que nous sommes lĂ , que nous les soutenons et que nous les accompagnons –⁠ cette mesure est trĂšs attendue par les mamans solos.

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme CĂ©line ThiĂ©bault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 258.

Mme Céline Thiébault-Martinez

Il vise Ă  rĂ©tablir une forme de justice fiscale entre les parents qui gardent et Ă©duquent leurs enfants et ceux qui n’ont pas la garde de leurs enfants mais qui contribuent Ă  leur Ă©ducation. Dans le systĂšme actuel, les parents en couple qui assument Ă  deux la charge de leurs enfants bĂ©nĂ©ficient seulement d’une demi-part fiscale. Dans le cas des couples sĂ©parĂ©s, le parent qui a la garde de l’enfant reçoit une pension alimentaire comme contribution Ă  son entretien et Ă  son Ă©ducation.
Cette contribution, plutĂŽt que d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la prise en charge de frais liĂ©s Ă  l’éducation des enfants, est considĂ©rĂ©e comme un revenu imposable. Mes collĂšgues Marie-Pierre Rixain et Sarah Legrain l’ont soulignĂ©, du fait de cette disposition, des femmes –⁠ puisque ce sont majoritairement des femmes – doivent payer des impĂŽts et deviennent inĂ©ligibles Ă  certaines prestations sociales parce qu’elles doivent dĂ©clarer ces sommes dans leur revenu imposable. Dans le mĂȘme temps, le parent qui n’a pas la garde, en grande majoritĂ© le pĂšre, bĂ©nĂ©ficie au contraire d’un avantage fiscal.
Cet amendement vise Ă  rĂ©tablir une forme d’égalitĂ© en retirant du revenu imposable des parents gardiens le montant de la pension alimentaire et en retirant au parent qui n’a pas la garde de l’enfant l’avantage fiscal dont il bĂ©nĂ©ficie. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. –⁠ Mme Danielle Simonnet applaudit Ă©galement.)

Mme la présidente

La parole est à Mme Cyrielle Chatelain, pour soutenir l’amendement no 2025.

Mme Cyrielle Chatelain

Je dĂ©fends en mĂȘme temps l’amendement no 3478.
Ces amendements transpartisans ont Ă©tĂ© adoptĂ©s par notre assemblĂ©e l’annĂ©e derniĂšre, mais n’ont pas Ă©tĂ© retenus dans la copie finale du projet de loi de finances, adoptĂ© par 49.3. Ces dispositions ont Ă©galement Ă©tĂ© adoptĂ©es dans le cadre de propositions de loi. Cette annĂ©e, il faut que notre vote soit respectĂ© !
Il existe aujourd’hui une double inĂ©galitĂ© pour les parents qui Ă©lĂšvent seuls leurs enfants –⁠ dans 97 % des cas, les mĂšres. PremiĂšre inĂ©galitĂ©, ces mĂšres portent seules la charge mentale, mais aussi financiĂšre, de leurs enfants. En moyenne, un enfant coĂ»te environ 750 euros par mois Ă  ses parents pour l’habiller, le chauffer et lui proposer des activitĂ©s sportives. Le montant moyen d’une pension alimentaire est de 190 euros. L’engagement financier des parents solos est donc important.
DeuxiÚme inégalité, le montant des pensions alimentaires entre dans le calcul de leur revenu imposable et de leur quotient familial, lequel détermine le tarif des cantines. Il faut absolument remédier à cette inégalité.
L’annĂ©e derniĂšre, il avait Ă©tĂ© relevĂ© qu’une telle disposition bĂ©nĂ©ficierait majoritairement Ă  des familles aisĂ©es. MĂȘme si nous pensons qu’il serait juste qu’elle s’applique Ă  tous, nous avons tenu compte de cette observation. Nous proposons donc de limiter le montant non soumis Ă  l’impĂŽt Ă  4 000 euros par enfant et Ă  12 000 euros par an.
Cet amendement trĂšs raisonnable vise Ă  inscrire dans le projet de loi de finances ce principe d’égalitĂ© et Ă  traduire l’idĂ©e que la pension alimentaire n’est pas un dĂ» Ă  la mĂšre mais la juste contribution du pĂšre Ă  l’éducation de ses enfants. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.)

Mme la présidente

L’amendement no 3478 de Mme Cyrielle Chatelain a Ă©tĂ© dĂ©fendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

M. Philippe Juvin, rapporteur général

Ils ont en commun de permettre Ă  la mĂšre de dĂ©fiscaliser la pension qu’elle reçoit. Ce qui les distingue est la façon dont ils traitent le payeur. Certains proposent de supprimer la dĂ©fiscalisation dont il bĂ©nĂ©ficie aujourd’hui. Un autre propose que le pĂšre, puisque c’est le plus souvent lui le payeur, paye des impĂŽts sur la pension.
La commission a Ă©mis un avis dĂ©favorable sur tous ces amendements. À titre personnel, je voterai pour l’amendement no 569 de Mme D’Intorni, qui maintient la dĂ©fiscalisation du payeur et permet au receveur de dĂ©fiscaliser Ă©galement.
Je rappelle que seuls 20 % des mĂ©nages qui reçoivent une pension alimentaire sont soumis Ă  l’impĂŽt sur le revenu. Ces mesures auraient donc assez peu d’impact et seraient mĂȘme, d’une certaine maniĂšre, antiredistributive. Je rappelle Ă©galement que les divorces se traduisent certes par une diminuation du pouvoir d’achat, mais que le parent qui a la garde de l’enfant bĂ©nĂ©ficie d’un abattement de 10 % sur le montant de la pension et d’une demi-part supplĂ©mentaire.

Mme la présidente

Quel est l’avis du gouvernement ?

Mme Amélie de Montchalin, ministre

Ce dĂ©bat est compliquĂ© car il mĂȘle fiscalitĂ© et politique de soutien Ă  l’égard des femmes, en particulier celles qui Ă©lĂšvent seules leurs enfants. À ce titre, je rappelle que notre fiscalitĂ© concĂšde une demi-part supplĂ©mentaire Ă  tous les foyers dont le parent est dit isolĂ©. Une personne qui Ă©lĂšve son enfant seule bĂ©nĂ©ficie donc d’une part et demie. Cette demi-part peut d’ailleurs ĂȘtre fractionnĂ©e en cas de garde alternĂ©e. C’est un puissant outil pour prendre en compte les surcoĂ»ts liĂ©s Ă  l’éducation d’un enfant par un seul parent.
Par ailleurs, notre systĂšme social propose de nombreuses bonifications et un certain nombre de prestations pour accompagner les femmes seules. Je pense notamment au complĂ©ment de libre choix du mode de garde (CMG). Vous avez Ă©tĂ© nombreux Ă  dĂ©fendre l’extension de son bĂ©nĂ©fice aux familles monoparentales dont l’enfant a jusqu’à 12 ans, contre 6 ans aujourd’hui. Je pense aussi Ă  la bonification de 30 % du montant du CMG pour le parent qui Ă©lĂšve seul son enfant ou encore Ă  la majoration du RSA pour les parents isolĂ©s.
Ces amendements me posent une difficultĂ© : dĂ©fiscaliser le donneur et le rĂ©cipiendaire conduirait Ă  voir circuler dans le pays des revenus non soumis Ă  l’impĂŽt, ce qui est contradictoire et contre-productif car cela incite Ă  l’optimisation. Il est dangereux de crĂ©er un systĂšme qui distribue des revenus sans aucune fiscalitĂ©.
Par ailleurs, en maintenant la fiscalisation du donateur tout en dĂ©fiscalisant le rĂ©cipiendaire, on crĂ©e des situations qui posent question. Prenons l’exemple d’un monsieur qui a des revenus Ă©levĂ©s –⁠ je simplifie, n’y voyez aucune malice !

M. René Pilato

Non, ce n’est pas du tout votre genre ! (Sourires.)

Mme Amélie de Montchalin, ministre

Si son ex-Ă©pouse dispose de faibles revenus, elle n’est pas imposable et le gain de la dĂ©fiscalisation est donc nul. En revanche, au cas oĂč son ex-Ă©pouse exerce un mĂ©tier bien rĂ©munĂ©rĂ© –⁠ disons que son taux marginal d’imposition est de 40 % –, le gain de la dĂ©fiscalisation, pour le mĂȘme montant de pension, sera trĂšs important.
Nous nous posons tous la question de la justice fiscale. Je comprends et je partage l’intention des auteurs de ces amendements, qui souhaitent apporter des rĂ©ponses aux difficultĂ©s des femmes seules par des mesures fiscales et sociales. Toutefois, ces mesures ne concernent pas les femmes seules aux revenus modestes, qui ne sont pas imposables. Elles favoriseraient en revanche les femmes dont les revenus sont importants.
Avis dĂ©favorable sur l’ensemble des amendements.

Mme la présidente

J’ai reçu un grand nombre de demandes de parole. Je prendrai un orateur par groupe.
La parole est Ă  Mme Sandrine Rousseau.

Mme Sandrine Rousseau

Madame la ministre, il y a un malentendu : la pension alimentaire n’est pas rĂ©ellement un revenu ; elle reprĂ©sente plutĂŽt un transfert d’un parent Ă  l’autre pour compenser la charge supplĂ©mentaire de temps et d’argent incombant au parent qui a la garde de l’enfant ; elle permet aussi que l’enfant bĂ©nĂ©ficie du mĂȘme niveau de vie chez le parent 1 et chez le parent 2 –⁠ rappelons que les couples homosexuels peuvent Ă©galement se retrouver en situation de divorce.
La question n’est donc pas la fiscalisation d’un revenu, mais la poursuite de transferts au bĂ©nĂ©fice de l’enfant aprĂšs la sĂ©paration des parents. Nous ne devons pas nous interroger sur ce qui bĂ©nĂ©ficie au pĂšre ou Ă  la mĂšre, mais sur ce qui bĂ©nĂ©ficie Ă  l’enfant, qui a besoin d’argent pour son dĂ©veloppement.
Vous nous parlez des parts fiscales, mais, vous le savez, elles concernent uniquement les foyers qui payent l’impĂŽt sur le revenu. (Exclamations sur les bancs du groupe EPR.) Nous vous parlons quant Ă  nous de personnes qui ne paieraient pas d’impĂŽt si la pension alimentaire n’était pas fiscalisĂ©e. La question est donc une question d’équitĂ© et de justice. (Applaudissement sur les bancs du groupe EcoS.)

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme Caroline Yadan.

Mme Caroline Yadan

Les crĂ©anciers de la pension alimentaire, c’est-Ă -dire surtout les mĂšres, ont le sentiment d’une vĂ©ritable injustice. En rĂ©alitĂ©, le problĂšme est fiscal : on ne peut pas fiscaliser cette somme d’un cĂŽtĂ© sans dĂ©fiscaliser de l’autre. Il ne s’agit bien sĂ»r pas de dĂ©fiscaliser totalement, ce qui risquerait de crĂ©er un effet de seuil comme celui dont j’ai parlĂ© Ă  propos de la prestation compensatoire et d’inciter les pĂšres Ă  verser une pension moindre.
Comment faire pour que le pĂšre puisse dĂ©duire la pension alimentaire de ses impĂŽts et pour que la mĂšre ne se soit pas imposĂ©e en cas de franchissement d’une tranche d’imposition, ce qui peut en outre, par effet de seuil, lui faire perdre le bĂ©nĂ©fice des allocations familiales ou des tarifs rĂ©duits Ă  la cantine ? Je propose qu’à l’instar de certains mĂ©canismes fiscaux dans les entreprises, la pension soit considĂ©rĂ©e comme une charge et qu’elle puisse, Ă  ce titre, ĂȘtre dĂ©duite des impĂŽts Ă  payer. Si un tel mĂ©canisme Ă©tait envisagĂ©, les mesures proposĂ©es par ces diffĂ©rents amendements pourraient ĂȘtre adoptĂ©es.

Mme la présidente

La parole est Ă  M. Charles de Courson.

M. Charles de Courson

C’est une erreur de vouloir lĂ©gifĂ©rer uniquement sur l’aspect fiscal de la question. En effet, il faut tenir compte non seulement des parts, elles-mĂȘmes plafonnĂ©es, mais aussi –⁠ personne ne l’a Ă©voquĂ© – des Ă©ventuelles consĂ©quences sur les prestations sociales, puisque le montant de la pension alimentaire est pris en compte dans la dĂ©finition du revenu utilisĂ©e pour bĂ©nĂ©ficier de celles-ci.
Un amendement Ă©quilibrĂ© devrait prendre en compte tous ces aspects pour atteindre l’objectif poursuivi par nos collĂšgues. Je les invite Ă  retirer leurs amendements afin de faire un travail global et d’éviter les erreurs.

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme Sarah Legrain.

Mme Sarah Legrain

Je souhaite rĂ©pondre Ă  certains arguments qui m’ont semblĂ© fallacieux. Les mesures que nous proposons n’avantagent que les femmes qui touchent des pensions alimentaires et qui sont imposĂ©es. Elles ne concernent donc pas les plus prĂ©caires. C’est un peu culottĂ© de mettre cela en avant car vous savez trĂšs bien ce qu’il faudrait faire pour les plus prĂ©caires : augmenter les bas salaires, revaloriser les mĂ©tiers fĂ©minisĂ©s et augmenter l’ASF ! M. de Courson a parlĂ© des prestations sociales. C’est l’occasion de dire que le budget de la sĂ©curitĂ© sociale qui s’annonce est sanglant ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Édouard BĂ©nard applaudit Ă©galement.)
L’argument selon lequel nos mesures incitent Ă  l’optimisation fiscale est insupportable. On vient aussi de nous dire qu’elles pousseraient les pĂšres Ă  payer une pension alimentaire moindre. L’optimisation est dĂ©jĂ  lĂ , mais on nous explique que certains pĂšres ne payent la pension alimentaire que parce qu’ils y sont incitĂ©s par la dĂ©fiscalisation ! Je ne suis pas d’accord ! La question de l’entretien de l’enfant ne doit pas ĂȘtre examinĂ©e au regard de la possibilitĂ© d’optimiser ses impĂŽts.
Je ne suis pas d’accord non plus avec le principe du plafonnement, car je crois en l’universalitĂ© de certains principes. Soit la pension alimentaire est une rente pour la femme –⁠ un chĂšque qu’on lui donne – et on peut alors la plafonner pour Ă©viter les effets d’optimisation pour les trĂšs hauts revenus, soit c’est une contribution Ă  l’entretien de l’enfant, pour qu’il garde le mĂȘme niveau de vie (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP) et je ne vois alors aucune raison pour plafonner, y compris pour les familles les plus aisĂ©es.
Certains se targuent d’ĂȘtre raisonnables : je les invite Ă  l’ĂȘtre vraiment en Ă©vitant de faire des trous dans la caisse. Figurez-vous que la mesure que nous proposons est avantageuse pour Bercy ! Si on dĂ©fiscalise des deux cĂŽtĂ©s, bien sĂ»r, on y perd. Mais si les pĂšres ne sont plus autorisĂ©s Ă  dĂ©duire la pension alimentaire, ils payent davantage d’impĂŽts, car ils gagnent plus d’argent. Il est plus avantageux de dĂ©fiscaliser les mĂšres que de dĂ©fiscaliser les pĂšres ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Danielle Simonnet applaudit Ă©galement.)

Mme la présidente

La parole est Ă  M. Philippe Brun.

M. Philippe Brun

La commission des finances a adoptĂ© ces amendements, comme l’AssemblĂ©e nationale l’annĂ©e derniĂšre, car la pension alimentaire n’est pas un revenu : elle est une contribution essentielle Ă  l’entretien et Ă  l’éducation de l’enfant et ne saurait donc faire l’objet d’une fiscalisation.
L’objet de ces amendements n’est pas de fiscaliser le pĂšre sans aucune contrepartie. Je vous invite Ă  lire l’article 156 du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts. Comme la dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire ne s’appliquera plus, un rĂ©gime d’options permettra au parent verseur –⁠ le pĂšre, dans 92 % des cas – de bĂ©nĂ©ficier d’une demi-part pour chacun des enfants concernĂ©s et de rattacher ses enfants Ă  son foyer fiscal.
Ces amendements sont donc Ă©quilibrĂ©s : dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire pour le parent qui la reçoit –⁠ la mĂšre, dans 92 % des cas –, fiscalisation de la pension pour le parent qui la verse, mais compensĂ©e par le rattachement de l’ensemble des enfants au foyer fiscal. Ainsi, la question de la pension alimentaire ne serait plus une question fiscale : il y aurait un Ă©change entre les deux parents qui Ă©chapperait Ă  tout contentieux, avec une fiscalisation d’un cĂŽtĂ© et une dĂ©fiscalisation de l’autre.
Cette mesure a emportĂ© une majoritĂ© de voix l’an dernier dans l’hĂ©micycle et cette annĂ©e en commission des finances ; elle emportera, je l’espĂšre, une majoritĂ© de voix aujourd’hui. Son adoption serait un message fort pour les familles monoparentales de notre pays, composĂ©es Ă  83 % de femmes et dont 40 % vivent sous le seuil de pauvretĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. –⁠ M. Guillaume Gouffier Valente applaudit Ă©galement.)

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme Marie-Christine Dalloz.

Mme Marie-Christine Dalloz

Ce dĂ©bat est intĂ©ressant, mais ceux qui affirment que les familles prĂ©caires sont soumises Ă  l’impĂŽt sur le revenu parce qu’elles touchent une pension alimentaire disent n’importe quoi ! Je rappelle que 45 % des mĂ©nages payent l’impĂŽt sur le revenu des personnes physiques et que le parent qui a la garde des enfants aprĂšs une sĂ©paration ou un divorce –⁠ le plus souvent la mĂšre – bĂ©nĂ©ficie d’une demi-part fiscale supplĂ©mentaire pour chaque enfant.
Le vrai problùme, sur lequel vous devriez vous pencher, concerne les pùres qui ne payent pas la pension alimentaire. Or la compensation de la caisse d’allocations familiales (CAF) n’est pas au niveau des besoins de l’enfant.
Quand le pĂšre paie la pension alimentaire, celle-ci est logiquement dĂ©duite de ses revenus imposables. Quant Ă  la mĂšre –⁠ ce sont majoritairement les mĂšres qui ont la garde des enfants –, elle bĂ©nĂ©ficie Ă  la fois de l’abattement sur cette pension et de la demi-part fiscale supplĂ©mentaire.
Ces amendements ne vont donc pas changer les choses : en parler, c’est dĂ©battre pour dĂ©battre. La majoritĂ© des mĂšres que je rencontre ne sont pas fiscalement imposables ; leur problĂšme principal, c’est que le pĂšre ne paie pas la pension.

M. Nicolas Ray

Exactement !

Mme la présidente

La parole est à M. Raphaël Schellenberger.

M. Raphaël Schellenberger

Hier soir, nous avons longuement discutĂ© de la notion de foyer fiscal, dont un certain nombre de nos collĂšgues souhaitent la disparition. ConsidĂ©rant que l’impĂŽt est davantage attachĂ© Ă  la personne individuelle physique qu’à la façon dont elle organise sa vie de couple, ils demandent que la notion de foyer fiscal soit supprimĂ©e et que l’impĂŽt soit dĂ» personnellement par chaque individu.
Ce matin, nous dĂ©battons de l’exact inverse : partant du principe que le foyer fiscal doit subsister aprĂšs la sĂ©paration des corps, nous nous posons la question de la rĂ©partition des revenus. Je trouve le dĂ©bat intĂ©ressant sur le plan de l’évolution de la sociĂ©tĂ© et de la libertĂ© que nous souhaitons pour nos compatriotes, mais il doit faire l’objet d’une rĂ©flexion globale. À force de coller des rustines dans tous les sens, nous allons faire des trous dans notre systĂšme fiscal, qui, mĂȘme si certains ne le souhaitent plus, est encore assis sur la notion de foyer fiscal, et lui faire perdre toute cohĂ©rence ! (Mme Natalia Pouzyreff applaudit.)

Mme la présidente

La parole est Ă  M. Jean-Paul Mattei.

M. Jean-Paul Mattei

Ces propositions relatives Ă  la pension alimentaire me semblent plus lĂ©gitimes que celle que nous venons d’adopter, qui concernait la prestation compensatoire. Cela n’a posĂ© de problĂšme Ă  personne de dĂ©fiscaliser la prestation compensatoire, qui vise Ă  compenser les disparitĂ©s de mode de vie entraĂźnĂ©es par la sĂ©paration. La pension alimentaire, elle, est destinĂ©e Ă  l’entretien des enfants, ce qui pose une question de fond. Sachant qu’un couple mariĂ© ne peut dĂ©duire de ses revenus imposables les sommes relatives Ă  l’entretien des enfants, on peut s’interroger sur la pertinence de les dĂ©fiscaliser lorsqu’elles sont versĂ©es par un pĂšre sĂ©parĂ©.
Je suis sur la mĂȘme ligne que Philippe Brun : l’époux qui verse la pension doit pouvoir revendiquer une demi-part fiscale supplĂ©mentaire ; les parents sont alors traitĂ©s Ă  peu prĂšs comme ils l’auraient Ă©tĂ© s’ils Ă©taient restĂ©s mariĂ©s. En tout cas, il est lĂ©gitime que la pension alimentaire soit dĂ©fiscalisĂ©e pour la mĂšre qui la perçoit : contrairement Ă  la prestation compensatoire, qui vise Ă  compenser une perte de revenus, la pension alimentaire correspond rĂ©ellement Ă  une charge supplĂ©mentaire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

Mme la présidente

La parole est à Mme Béatrice Piron.

Mme Béatrice Piron

Je suis contre ces propositions, car je trouve le systĂšme actuel bien Ă©quilibrĂ©. Je suis pourtant une femme divorcĂ©e, vivant avec un conjoint lui aussi divorcĂ© : nous avons tous les deux versĂ© ou reçu des pensions alimentaires. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Le mĂ©canisme actuel fonctionne dans l’intĂ©rĂȘt des enfants. Si le pĂšre, qui gagne gĂ©nĂ©ralement bien plus que la mĂšre, peut dĂ©duire la pension de ses revenus imposables, il donne plus Ă  l’enfant. Les couples divorcĂ©s ne sont pas toujours en conflit, la femme n’est pas obligĂ©e d’ĂȘtre opposĂ©e Ă  son ancien mari. (Nouvelles exclamations.)
Au total, le couple paie moins d’impĂŽts si c’est le pĂšre qui dĂ©duit la pension alimentaire de ses revenus. En outre, le pĂšre donne beaucoup plus d’argent pour ses enfants si la pension est dĂ©fiscalisĂ©e qu’il ne le ferait si elle Ă©tait imposĂ©e Ă  40 %. Le systĂšme avantage donc aussi la femme, qui reçoit une somme bien plus importante que si elle n’était pas dĂ©ductible des revenus du pĂšre. (Mme SĂ©golĂšne Amiot s’exclame.)

Mme Danielle Simonnet

Merci pour elle, quelle générosité !

Mme la présidente

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Philippe Juvin, rapporteur général

M. Brun a malicieusement affirmĂ© que la commission des finances Ă©tait favorable Ă  ces amendements. En rĂ©alitĂ©, la commission a rejetĂ© ceux qui ont Ă©tĂ© soumis Ă  son vote, Ă  l’exception d’un amendement de M. Brun qui a Ă©tĂ© adoptĂ© en commission mais n’a pas Ă©tĂ© dĂ©posĂ© en sĂ©ance. L’avis de la commission est donc dĂ©favorable.

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme la ministre.

Mme Amélie de Montchalin, ministre

Le président de la commission nous ayant invités à avancer rapidement, je serai concise. Je rappellerai quelques faits pour éclairer votre vote, et chaque député décidera en conscience.
PremiĂšrement, moins de 20 % des familles monoparentales sont imposables : l’immense majoritĂ© d’entre elles ne sont donc pas concernĂ©es par ce dĂ©bat.
DeuxiĂšmement, dans notre systĂšme fiscal, avoir la charge d’un enfant ne donne pas droit Ă  une compensation monĂ©taire, mais Ă  des demi-parts ou Ă  des parts supplĂ©mentaires. Les parents isolĂ©s bĂ©nĂ©ficient donc automatiquement d’une demi-part supplĂ©mentaire, qui peut d’ailleurs ĂȘtre partagĂ©e en cas de garde alternĂ©e.
Troisiùmement, je suis entiùrement d’accord avec Mme Dalloz.

Mme Marie-Christine Dalloz

Merci !

Mme Amélie de Montchalin, ministre

J’aimerais que nous mettions autant d’énergie Ă  rĂ©soudre le problĂšme principal, Ă  savoir le dĂ©faut de paiement des pensions alimentaires, que nous en mettons Ă  dĂ©battre de ces amendements. En 2021, d’aprĂšs les donnĂ©es de la direction de la recherche, des Ă©tudes, de l’évaluation et des statistiques (Drees), un quart des parents dits non gardiens qui Ă©taient solvables ne payaient pas la pension alimentaire due.

M. JérÎme Guedj

D’oĂč l’Aripa !

Mme Amélie de Montchalin, ministre

Exactement. La dĂ©putĂ©e Christelle Dubos, accompagnĂ©e de certains d’entre vous, avait bĂąti une proposition consensuelle : la crĂ©ation de l’Agence de recouvrement et d’intermĂ©diation des pensions alimentaires (Aripa).

M. JérÎme Guedj

C’est aussi l’Ɠuvre de Najat Vallaud-Belkacem !

Mme Amélie de Montchalin, ministre

L’Aripa a Ă©tĂ© renforcĂ©e, dans le cadre de la loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale pour 2021, par le versement automatique de la pension lorsqu’il y a une dĂ©cision exĂ©cutoire : ce mĂ©canisme donne Ă  l’État un rĂŽle d’intermĂ©diation et lui permet de rĂ©colter les pensions alimentaires impayĂ©es. C’est une trĂšs bonne mesure qui mĂ©rite d’ĂȘtre dĂ©fendue de maniĂšre transpartisane.
Enfin, je tiens Ă  alerter ceux qui ont Ă  cƓur de dĂ©fendre les revenus du travail sur le fait que si nous dĂ©fiscalisons totalement les pensions alimentaires reçues, nous inciterons trĂšs fortement les bĂ©nĂ©ficiaires Ă  prĂ©fĂ©rer les pensions aux revenus du travail, qui sont fiscalisĂ©s. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.) L’effet de cette rĂ©forme serait socialement trĂšs inĂ©galitaire,


Mme Sarah Legrain

C’est le systĂšme actuel qui est inĂ©galitaire !

Mme Amélie de Montchalin, ministre


car les personnes ayant des compléments de revenu élevés en bénéficieraient bien davantage que les familles de classe moyenne. Je réitÚre donc mon avis défavorable.

M. Matthias Tavel

Honteux !

Mme Sarah Legrain

C’est incroyable de dire des choses pareilles !

Mme Anna Pic

C’est incroyable !

(L’amendement no 569 n’est pas adoptĂ©.)

Mme la présidente

Je mets aux voix l’amendement no 2088.

(Il est procédé au scrutin.)

Mme la présidente

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 314
Nombre de suffrages exprimés 268
Majorité absolue 135
Pour l’adoption 82
Contre 186

(L’amendement no 2088 n’est pas adoptĂ©.)

(L’amendement no 1622 n’est pas adoptĂ©.)

Mme la présidente

Je mets aux voix l’amendement no 258.

(Il est procédé au scrutin.)

Mme la présidente

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 308
Majorité absolue 155
Pour l’adoption 152
Contre 156

(L’amendement no 258 n’est pas adoptĂ©.)

Mme la présidente

Je mets aux voix l’amendement no 2025.

(Il est procédé au scrutin.)

Mme la présidente

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 311
Nombre de suffrages exprimés 303
Majorité absolue 152
Pour l’adoption 207
Contre 96

(L’amendement no 2025 est adoptĂ© ; en consĂ©quence, l’amendement no 3478 tombe.)
(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

Cf. Analyse du scrutin n°3083 – 17e lĂ©gislature – AssemblĂ©e nationale

–Mise Ă  jour au 6 novembre 2025–

Le groupe La France Insoumise (Sophia Chikirou) a programmĂ© dans sa niche parlementaire du 27 novembre une proposition de loi similaire Ă  l’amendement Brun

Cf. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1956_proposition-loi.pdf

Le collectif DĂ©fendre les enfants renouvĂšle se demande d’une Ă©tude d’impact.

Sur ce lien retrouvez le mailing adressĂ© Ă  l’ensemble des parlementaires le 6 novembre 2025 : https://defendre-les-enfants.eu/wp-content/uploads/2025/10/Courriel-06-11-2025.pdf


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