📰 DĂ©cryptage de l’amendement du dĂ©putĂ© Philippe Brun sur la dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire

Contexte général

Depuis plusieurs annĂ©es, la fiscalitĂ© des pensions alimentaires versĂ©es pour l’entretien des enfants suscite un dĂ©bat rĂ©current entre Ă©quitĂ© fiscale, simplification administrative et reconnaissance du rĂŽle des deux parents aprĂšs la sĂ©paration.
Dans ce contexte, le député Philippe Brun (PS, Eure) a déposé en 2024 puis en 2025 deux amendements similaires visant à défiscaliser partiellement les pensions alimentaires perçues par le parent bénéficiaire, tout en introduisant des ajustements pour le parent verseur.

Ces amendements ont été discutés en Commission des finances, et le second a été adopté en octobre 2025, suscitant un écho notable dans la presse.
Le Figaro titrait par exemple :

« Budget 2026 : la commission des finances adopte un amendement pour défiscaliser la pension alimentaire »
(source)


Que proposent les amendements Brun ?

Les deux textes visent Ă  modifier l’article 80 septies du Code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts (CGI) afin de :

  • exonĂ©rer d’impĂŽt sur le revenu les pensions alimentaires reçues pour un enfant mineur,

  • dans la limite de 4 000 € par enfant,

  • avec un plafond global de 12 000 € par an par foyer bĂ©nĂ©ficiaire.

En parallĂšle, ils prĂ©cisent que le parent verseur ne peut dĂ©duire de son revenu imposable que la fraction excĂ©dant ce plafond, sauf si l’enfant est dĂ©jĂ  pris en compte dans son quotient familial.

Enfin, les deux textes prĂ©voient une compensation budgĂ©taire par la crĂ©ation d’une taxe additionnelle Ă  l’accise sur les tabacs.


Les différences entre la version 2024 et la version 2025

ÉlĂ©ment Amendement 2024 (I-2605) Amendement 2025 (CF1079)
DĂ©fiscalisation du parent bĂ©nĂ©ficiaire Oui, jusqu’à 4 000 € par enfant (plafond 12 000 €). Identique.
Déductibilité pour le parent verseur Déduction possible uniquement au-delà du plafond. Identique.
Option pour le quotient familial Non mentionnĂ©e. 🆕 Ajout d’une option : le parent verseur pourra choisir d’intĂ©grer les enfants dans son quotient familial afin de limiter son dĂ©savantage fiscal.
Garde-fous fiscaux Rappel du plafond global. Identiques + précision sur le choix du quotient familial.
Compensation budgétaire Taxe additionnelle sur les tabacs. Identique.

👉 En rĂ©sumĂ© : la seule diffĂ©rence notable est l’ajout en 2025 d’une mesure compensatrice pour le parent verseur, lui permettant de choisir d’intĂ©grer les enfants dans son quotient familial.
C’est cette nouveautĂ© qui a conduit Philippe Brun Ă  dĂ©clarer en commission :

« Le texte prĂ©voit un certain nombre de garde-fous. Il y aurait d’un cĂŽtĂ© une dĂ©fiscalisation [
] et de l’autre, pour le parent verseur, une fiscalisation, mais ce dernier gagnerait une demi-part fiscale par enfant. »


Ce que dit (et ne dit pas) l’amendement sur la « demi-part »

La formulation de M. Brun semble ĂȘtre une simplification :

  • Le texte n’indique pas explicitement « une demi-part par enfant ».

  • Il prĂ©voit seulement la possibilitĂ© d’intĂ©grer l’enfant au quotient familial.

  • Dans les faits, cela peut se traduire par l’octroi d’une demi-part fiscale par enfant dans la majoritĂ© des cas, mais selon les rĂšgles gĂ©nĂ©rales du quotient familial (plafonnement de l’avantage, cas particuliers des parents isolĂ©s, etc.).

Cette prĂ©cision reste donc techniquement exacte dans l’esprit, mais pas dans la lettre de l’amendement.

 


Position du collectif Défendre les enfants

Le collectif demande la rĂ©alisation d’une vĂ©ritable Ă©tude d’impact avant toute adoption dĂ©finitive de la mesure.
Il est essentiel de vĂ©rifier, Ă  l’aide de simulations fiscales concrĂštes, que le parent verseur ne se voit pas infliger une « double peine » :

  • d’un cĂŽtĂ©, une fiscalisation accrue de ses revenus du fait de la non-dĂ©ductibilitĂ© d’une partie des pensions,

  • de l’autre, un avantage fiscal incertain liĂ© au quotient familial, dont l’effet rĂ©el dĂ©pendra de nombreux paramĂštres (revenus, garde, situation du foyer, plafonnement des parts, etc.).

Sans cette Ă©valuation rigoureuse, le risque est rĂ©el que la rĂ©forme, pensĂ©e pour ĂȘtre Ă©quilibrĂ©e, dĂ©savantage paradoxalement les parents qui contribuent dĂ©jĂ  le plus au financement des enfants.

Par ailleurs, le collectif s’étonne que M. Philippe Brun ne se soit pas positionnĂ© sur la proposition de loi n° 819 relative Ă  la RĂ©sidence alternĂ©e, pourtant au cƓur des enjeux d’égalitĂ© parentale.

🔗 Proposition de loi n° 819 sur la RĂ©sidence alternĂ©e :
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b0819_proposition-loi

De plus il parait nécessaire de chiffrer le surcoût des prestations sociales (CAF et aides associés : bourses notamment) suite à ce commentaire du député Philippe BRUN mentionnant le retrait du montant de la pension alimentaire du revenu fiscal de référence pour les prestations sociales :


Rappel des mobilisations citoyennes

En 2024, deux pétitions ont témoigné de la polarisation du débat autour de la fiscalité des pensions alimentaires :

Ces deux mouvements traduisent bien les enjeux sociétaux et symboliques de cette réforme :
Ă©quilibre financier entre parents sĂ©parĂ©s, reconnaissance du rĂŽle de chacun dans l’éducation des enfants, et besoin d’une rĂ©forme plus globale de la fiscalitĂ© familiale.


Conclusion

L’amendement de Philippe Brun sur la dĂ©fiscalisation partielle des pensions alimentaires constitue une Ă©volution pragmatique, mais il nĂ©cessite des simulations approfondies pour en mesurer les effets rĂ©els.
Le passage de la version 2024 Ă  2025 marque une amĂ©lioration, mais le dispositif reste fragile sans Ă©tude d’impact transparente.
Le collectif DĂ©fendre les enfants rappelle enfin que la vĂ©ritable Ă©quitĂ© entre parents sĂ©parĂ©s ne peut ĂȘtre atteinte sans repenser globalement la fiscalitĂ©, la garde et les droits des enfants.

— En bonus, retrouvez ci-dessous les Ă©changes lors du dĂ©bat de 2024 —

Cf. Compte rendu de la premiĂšre sĂ©ance du mercredi 23 octobre 2024 – AssemblĂ©e nationale

M. Philippe Brun

Cet amendement, qui nous paraĂźt essentiel, propose de dĂ©fiscaliser la pension alimentaire au bĂ©nĂ©fice du parent qui la reçoit. Nous dĂ©fendons cette mesure depuis plusieurs annĂ©es. DĂ©jĂ  en 2022, Ă  l’initiative d’Aude Luquet, nous avions discutĂ© et adoptĂ©, Ă  la quasi-unanimitĂ©, une proposition de loi visant Ă  dĂ©fiscaliser les pensions alimentaires –⁠ elle dort depuis dans les caves du SĂ©nat. Nous proposons de reprendre ses dispositions dans ce projet de loi de finances.
La pension alimentaire, contribution Ă  l’entretien de l’enfant, n’est pas un revenu. Elle est censĂ©e couvrir des dĂ©penses et rĂ©sulte d’une dĂ©cision de justice fixant un montant qui ne saurait faire l’objet de dĂ©ductions et de rĂ©ductions par l’application d’un barĂšme des impĂŽts.
La dĂ©fiscalisation des pensions alimentaires contribuerait Ă  la baisse de la prĂ©caritĂ© parmi les familles monoparentales ; 40 % des enfants, au sein de ces familles, vivent au-dessous du seuil de pauvretĂ©. Cela permettrait Ă©galement de faire Ɠuvre de justice, car il est inacceptable de payer des impĂŽts sur des frais rĂ©sultant d’une dĂ©cision de justice et qui doivent contribuer Ă  l’entretien et Ă  l’éducation de l’enfant. Nous espĂ©rons que l’amendement sera largement adoptĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

Mme la présidente

La parole est à Mme Cyrielle Chatelain, pour soutenir l’amendement no 2045.

Mme Cyrielle Chatelain

Aujourd’hui, en France, un foyer sur quatre ne compte qu’un seul parent : dans 82 % des cas, ce sont des mĂšres seules, avec leurs enfants, le plus souvent Ă  la suite d’un divorce ou d’une sĂ©paration. Aujourd’hui, ces mĂšres assument les principales charges liĂ©es aux enfants : la charge affective, la charge mentale, la charge pratique et la charge financiĂšre. Le montant moyen de la pension alimentaire que reçoivent ces mĂšres est de 190 euros par mois et par enfant, alors que leurs dĂ©penses mensuelles s’élĂšvent en moyenne Ă  750 euros par enfant. Leur investissement important n’est pas seulement affectif, il est aussi financier.
Aujourd’hui, les mĂšres paient des impĂŽts sur ces 190 euros qui leur sont versĂ©s, alors que c’est une somme normalement due par un pĂšre pour s’occuper de son enfant et contribuer aux charges de son Ă©ducation. La dĂ©fiscalisation de la pension alimentaire contribuerait Ă  soutenir ces mĂšres seules avec leurs enfants qui, dans 32 % des cas, vivent sous le seuil de pauvretĂ©. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

Mme Danielle Simonnet

C’est un amendement essentiel !

Mme la présidente

La parole est à M. Philippe Brun, pour soutenir l’amendement no 2605.

M. Philippe Brun

Cet amendement de repli tend Ă  fixer un plafond Ă  la dĂ©fiscalisation. Il s’agit de ne pas crĂ©er une niche fiscale pour des foyers percevant des pensions alimentaires trĂšs Ă©levĂ©es.

Mme la présidente

Quel est l’avis de la commission ?

M. Charles de Courson, rapporteur général

Actuellement, le parent qui verse la pension alimentaire peut la dĂ©duire de ses revenus, dans la limite de 6 500 euros par an –⁠ un peu plus de 500 euros par mois. Pour le parent qui la perçoit, la pension alimentaire constitue un revenu rĂ©gulier : elle est donc imposable. Le montant moyen de la pension alimentaire se situe entre 180 et 200 euros par enfant –⁠ il est en gĂ©nĂ©ral fixĂ© en fonction des revenus du pĂšre, plus rarement de ceux de la mĂšre.
Cette situation est-elle inĂ©quitable ? L’amendement no 770 prĂ©voit que le parent qui verse la pension ne pourra dĂ©duire que la moitiĂ© de son montant, ce qui est un peu bizarre. Il vise Ă©galement Ă  exclure le montant de la pension du calcul de l’impĂŽt sur le revenu de la personne qui la perçoit.
L’adoption de cet amendement crĂ©erait une rupture d’égalitĂ© avec les personnes qui ont eu des enfants seules ou avec les personnes qui Ă©lĂšvent leurs enfants alors qu’elles sont veuves –⁠ elles ne reçoivent pas une telle pension. Le traitement que vous proposez n’est donc pas cohĂ©rent. La commission s’est dĂ©clarĂ©e dĂ©favorable Ă  votre amendement et, Ă  titre personnel, je le suis Ă©galement.

Mme la présidente

Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je partage l’avis du rapporteur gĂ©nĂ©ral : cet amendement introduit un risque de rupture d’égalitĂ©.

Mme Danielle Simonnet

Au contraire, nous recherchons l’égalitĂ© rĂ©elle !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

La pension constitue un revenu Ă  dĂ©clarer, mais celui qui la reçoit bĂ©nĂ©ficie du quotient familial et se voit attribuer des demi-parts en fonction du nombre d’enfants –⁠ je rappelle qu’une demi-part est attribuĂ©e aux parents isolĂ©s dĂšs le premier enfant. De son cĂŽtĂ©, la personne qui la verse peut en dĂ©duire le montant de ses revenus. C’est ainsi que le systĂšme fonctionne.
Si la pension devait ĂȘtre dĂ©fiscalisĂ©e, il faudrait organiser entre les parents le partage des demi-parts, ce qui me paraĂźt compliquĂ©. J’admets que les situations ne sont pas identiques entre les deux parents, mais le quotient familial est lĂ  pour attĂ©nuer ces disparitĂ©s.

Mme la présidente

La parole est Ă  Mme Cyrielle Chatelain.

Mme Cyrielle Chatelain

Je pense, pour ma part, que ce systĂšme est profondĂ©ment inĂ©galitaire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.) Il repose sur l’idĂ©e que c’est aux femmes, toujours aux femmes, de s’occuper de leurs enfants et de s’en occuper seules.

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Cela n’a aucun rapport !

Mme Cyrielle Chatelain

Il repose sur l’idĂ©e qu’un pĂšre qui verse un peu d’argent Ă  la femme qui s’occupe de ses enfants peut dĂ©fiscaliser cette somme. C’est absolument injuste !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je ne vois toujours pas le rapport.

Mme Cyrielle Chatelain

Comme on l’a dit, la charge d’un enfant est estimĂ©e Ă  750 euros par mois et le montant moyen de la pension alimentaire atteint 190 euros. En d’autres termes, une mĂšre sĂ©parĂ©e prĂ©lĂšve chaque mois 560 euros de son budget pour s’occuper de son enfant. Elle tire cette somme de son revenu, sans possibilitĂ© de dĂ©fiscalisation.
Qu’une mùre assume seule cette charge me semble trùs injuste et nous devons corriger cette situation.

M. Thibault Bazin

Elle se trompe de sujet ! Ça n’a rien à voir avec l’amendement !

Mme Cyrielle Chatelain

Vous nous parlez de défiscalisation, mais que dire de toutes ces femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté ?

M. Laurent Saint-Martin, ministre

La pension n’est pas liĂ©e au sexe !

Mme Cyrielle Chatelain

Bien sĂ»r que si, et mon propos est cohĂ©rent avec l’amendement que je dĂ©fends. Il pose la question de l’égalitĂ© de traitement, de la reconnaissance du travail de ces femmes, de leur charge. Demandez-leur qui prend rendez-vous chez le mĂ©decin, qui achĂšte les habits, qui remplit les cartables de crayons, de feutres et de feuilles ! Aujourd’hui, ce sont ces mĂšres cĂ©libataires, seules avec leurs enfants ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Si vous voulez faire un geste en faveur de l’égalitĂ©, acceptez cet amendement. Beaucoup de ces femmes ne paient mĂȘme pas l’impĂŽt sur le revenu !

M. Thibault Bazin

Elle raconte n’importe quoi !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Ça n’a rien à voir !

Mme Cyrielle Chatelain

Au contraire, ça a tout Ă  voir ! Si vous voulez contribuer Ă  l’égalitĂ© entre les hommes et les femmes, votez cet amendement ! Il faut accepter de corriger ce qui doit l’ĂȘtre, mĂȘme lorsque cela perturbe vos habitudes. (MĂȘmes mouvements.)

M. Laurent Saint-Martin, ministre

C’est navrant de dĂ©magogie.

Mme la présidente

La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.

M. Jean-René Cazeneuve

Je comprends la motivation de cet amendement, mais l’impĂŽt sur le revenu est trĂšs bien conçu, puisqu’il est par dĂ©finition progressif. Vous avez raison, beaucoup de femmes vivent sous le seuil de pauvretĂ©, raison pour laquelle elles ne paient pas d’impĂŽt sur le revenu. Cette contribution ne les concerne pas.
En revanche, pourquoi ne pas assujettir à l’impît la pension alimentaire perçue par une femme dont les revenus sont importants ? C’est bien votre demande qui est injuste !
Ce que vous ne voulez pas voir, c’est que la grande progressivitĂ© de l’impĂŽt sur le revenu permet d’éviter que ne surviennent des cas tels que ceux que vous Ă©voquez.

Mme Cyrielle Chatelain

Encore un homme pour nous expliquer comment ça marche ! (Exclamations sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, HOR et UDR.)

M. Thibault Bazin

Buvez un peu de tisane madame !

Mme la présidente

La parole est Ă  M. le ministre.

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Madame Chatelain, je ne nie pas du tout la véracité de vos propos et il est nécessaire de mener le combat contre les inégalités que vous pointez. Je me permets seulement de répondre à votre amendement, qui vise à introduire une mesure fiscale sans lien avec le sexe, le genre, le statut de pÚre ou celui de mÚre.

Mme Danielle Simonnet

Si, ce sont les femmes qui subissent ces inégalités !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Peut-on Ă©viter de mĂ©langer des faits de sociĂ©tĂ©, des faits statistiques, Ă  des problĂšmes de fiscalitĂ© ? En l’occurrence, ce problĂšme se pose autant lorsque la pension est versĂ©e par un homme que lorsqu’elle l’est par une femme !

Mme Danielle Simonnet

Mais justement, ce sont en grande majorité les hommes qui versent des pensions alimentaires !

M. Peio Dufau

Ces problÚmes sont liés !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Non, ils ne le sont pas ! Modifier le rĂ©gime fiscal pour que les pensions soient dĂ©fiscalisĂ©es –⁠ en contrepartie de la non-prise en compte de la demi-part fiscale –, pourquoi pas, nous pouvons en dĂ©battre. Cette modification s’appliquerait aussi bien aux hommes qu’aux femmes qui versent une pension alimentaire –⁠ quel que soit le genre, le mĂ©canisme reste le mĂȘme.
Votre propos laisse accroire que le rĂ©gime fiscal aggrave les inĂ©galitĂ©s entre hommes et femmes quand il s’agit de prendre les enfants Ă  sa charge.

Mme Danielle Simonnet

Oui !

M. Laurent Saint-Martin, ministre

Je ne suis pas d’accord avec votre analyse. La familialisation de l’imposition, avec l’attribution d’une demi-part, impose de dĂ©clarer la pension. On peut ĂȘtre contre ce principe, mais il est faux de dire qu’il est liĂ© aux inĂ©galitĂ©s entre femmes et hommes.

Mme Cyrielle Chatelain

En somme, vous dites aux pùres qu’ils ne devraient pas donner l’argent qu’ils doivent !

Mme la présidente

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Charles de Courson, rapporteur général

Sachez que les pensions alimentaires peuvent ĂȘtre trĂšs Ă©levĂ©es.

Mme Elsa Faucillon

Eh oui, les enfants coûtent cher !

M. Charles de Courson, rapporteur général

Trouveriez-vous normal qu’une pension alimentaire mensuelle de 3 000 euros ne soit pas fiscalisĂ©e ? Votre amendement ne prĂ©voit aucun plafond, alors qu’il arrive que des divorces dĂ©bouchent sur le versement de pensions supĂ©rieures Ă  3 000 euros par mois ! (Mme Cyrielle Chatelain s’exclame.)
Madame Chatelain, pouvez-vous m’écouter deux minutes ?

Mme Cyrielle Chatelain

C’est difficile !

M. Charles de Courson, rapporteur général

Tel qu’il est rĂ©digĂ©, votre amendement ne prĂ©voit pas de plafond.

M. Philippe Brun

L’amendement no 2605 prĂ©voit une limite de 12 000 euros par an.

M. Charles de Courson, rapporteur général

En réalité, votre amendement est conçu pour les foyers trÚs aisés car les gens modestes ne sont pas imposables. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

Mme Cyrielle Chatelain

Mon amendement est plafonné, monsieur le rapporteur !

M. Charles de Courson, rapporteur général

DeuxiĂšme remarque : le parent qui verse la pension peut la dĂ©duire du montant de ses revenus, dans la limite de 6 500 euros par an. MĂȘme ceux qui doivent verser 3 000 euros par mois –⁠ et ils existent – ne pourront dĂ©duire de leurs revenus que 500 euros par mois. Je suis donc contre ces amendements.

Mme Sabrina Sebaihi

Vous n’aimez pas les enfants ! (Sourires.)

Mme la présidente

Je mets aux voix l’amendement no 770.

(Le vote Ă  main levĂ©e n’ayant pas Ă©tĂ© concluant, il est procĂ©dĂ© Ă  un scrutin public.)

Mme la présidente

Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 129
Nombre de suffrages exprimés 96
Majorité absolue 49
Pour l’adoption 50
Contre 46

(L’amendement no 770 est adoptĂ© ; en consĂ©quence, les amendements nos 2045 et 2605 tombent.)
(Les députés des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR se lÚvent et applaudissent.)


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